Cérémonies du «Sanibigué» : Les Bobos entrent dans une nouvelle année coutumière

Une page de tournée dans le calendrier  coutumier des Bobos-madarê. Cela s’est passé ce dimanche 14 février à travers les cérémonies et festivités du «Sanibigué» qui marquent la fin des récoltes et ouvrent la voie à la programmation de tous les évènements commémoratifs de l’année, en particulier les grandes funérailles.

Le Sanibigué donne lieux à des partages de repas communautaires

Le «Sanibigué», c’est la commémoration festive de la fin des récoltes. Il marque la fin de la période champêtre et se traduit par des cérémonies diverses liées aux mânes des ancêtres et autres esprits de la forêt. Quand on dit «Sanibigué», ce vocable exprime en bobo-madarê une idée de descente (de la brousse au village) selon un certain itinéraire qui respecte des étapes significatives. Même si cela tend à disparaître en plusieurs endroits avec l’avancée de l’urbanisation moderne. A l’occasion du «Sanibigué» on fait aussi  la fête, en préparant des mets de circonstance, les meilleurs de la cuisine locale, à partir des produits de la dernière campagne agricole. Emmanuel Sanou, «Yèlèvô» (responsable coutumier de la jeunesse) de Tounouma explique que la tradition du «Sanibigué» existe depuis des siècles chez les Bobos, célébrant la fin des cultures pour remercier le bon Dieu qui a rendu les pluies favorables.

Doti Bruno Sanou. Historien-chercheur expliquant le sens du Sanibigué

«On perpétue la tradition, mais en tenant compte du contexte moderne, dans le respect du vivre-ensemble avec tous ceux qui ne comprennent pas nos coutumes».  L’historien-chercheur Doti Bruno Sanou fait remarquer la sagesse et la connaissance contenues  dans ces cérémonies qui n’ont rien de fortuit. «Le Sanibigué est la fête du nouvel an qui annonce la vie au village. C’est la fin des travaux de récolte. En principe, à la veille du Sanibigué, il y’a ce qu’on appelle le Wôrôbigué, c’est-à-dire le retour des reliques des vieux morts au cours de l’année. C’est l’occasion de leur rendre hommage, mais aussi d’enseigner les nouvelles générations sur leur exemple, notamment des valeurs de dignité, etc».

Sanou Emmanuel, Yèlèvô de Tounouma : « perpétuer la tradition dans le respect du vivre-ensemble »

Chaque élément et étape expriment en réalité une fine connaissance du milieu, la maitrise des conditions climatiques, les sources d’eaux, etc. Autant de choses qui dénotent une valeur écologique à ces pratiques, un respect de la terre et de la nature qui rejoint les pratiques les plus modernes telles que conseillées par les experts. Quoique l’activité agricole revête ici une certaine dimension sacrée. Les anciens rappellent en ce sens un adage traditionnel qui veut que «tout vieillard avant sa mort, est censé rendre à la terre ce qu’il lui a pris de son vivant». Ce qui se traduit dans son rapport avec la terre et la nature, par des prélèvements de plantes qui ne nuisent pas au renouvellement des espèces, et aussi à la plantation d’espèces qui se raréfient et se trouvent être utiles à certaines pratiques coutumières.

Sanou Alain, Adjoint au maire de Bobo : «c’est une pratique de grande valeur culturelle»

Pour Alain Sanou, 4ème Adjoint au maire, il s’agit de pratiques coutumières de valeurs inestimables pour Bobo-Dioulasso, capitale culturelle du pays des hommes intègres. «Le gouvernement attache beaucoup d’importance à la question culturelle et à la question coutumière. C’est pourquoi le maire  et le conseil municipal encouragent les responsables coutumiers qui veillent à la préservation de l’héritage que constitue cette tradition», dit-il.

Sibiri SANOU

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