La Direction de la Filature du Sahel (FILSAH) a tenu un point de presse à Bobo-Dioulasso, le 15 novembre 2024, dans le cadre du lancement d’une campagne de sensibilisation pour promouvoir l’exigence du véritable pagne traditionnel tissé, le Faso Dan Fani, tissé avec le fil produit par la Filature du Sahel.
« Consommons ce que nous produisons ! Produisons ce que nous consommons ! ». C’est avec ces termes du Capitaine Thomas Sankara, que Salif Konaté, Directeur général adjoint de la FILSAH a entamé son adresse aux professionnels des médias. La Direction de la FILSAH entend lancer une « vaste campagne de communication », allant de novembre 2024 à avril 2025, en guise de riposte à une menace qui pèse sur l’entreprise. Cette menace est la concurrence déloyale due à l’importation massive de fils de coton, notamment asiatiques. Cette situation entraîne une baisse des ventes, mettant en péril les emplois, menaçant l’économie locale et toute la chaine de valeur de la filière coton au Burkina. A ce propos, Salif Konaté dit que « nous avons dû réduire le personnel. Nous avons été obligés de nous séparer au moins d’une centaine de nos collaborateurs. Ce n’était pas de gaité de cœur, mais parce que nous avons nos entrepôts pleins de fils. Aujourd’hui, nous avons plus de trois milliards de FCFA de fils stockés dans nos entrepôts. Cette importation frauduleuse de fils impacte beaucoup notre activité et cela pèse beaucoup sur notre trésorerie ». La stratégie de communication dont il est question a pour objectif d’une part, d’interpeller les autorités et tous les acteurs de la filière et d’autre part, de rappeler que FILSAH est une entreprise burkinabè qui transforme le coton local en produits de haute qualité, soutenant ainsi l’économie nationale et créant de la valeur ajoutée.
Du côté du gouvernement, des efforts sont fournis pour maintenir à flot cette industrie. On se souviendra que parmi les mesures prises, nous avons le décret du 2 juin 2023 relatif au port du Faso Dan Fani et du Koko dunda dans les institutions, ainsi que la généralisation de son port dans les écoles en Conseil des ministres du 04 septembre 2024. A cela, il faut ajouter l’adoption, le 23 octobre 2024, d’un rapport en Conseil des ministres relatif au costume d’audience des magistrats, et l’interdiction de l’importation du fil de tissage et de pagne tissé par communiqué conjoint des ministères de l’Économie et des Finances et de l’Industrie, du Commerce et de l’Artisanat en date du 24 septembre 2024. A la question de savoir si cette interdiction d’importation des fils de coton étrangers a redonné du souffle à la société, le DGA de la FILSAH répond en affirmant « qu’il faut reconnaitre que ce sont des mesures qu’on vient de prendre tout récemment… C’est au bout de quelques mois qu’on pourra vraiment apprécier l’impact de ces mesures. Dans l’immédiat, c’est un peu difficile car il y avait déjà une grande quantité de fils de coton étrangers sur le marché national ».
Le Faso Dan Fani, plus qu’un simple tissu
Au cours de ce point de presse, Salif Konaté a rappelé que le pagne tissé traditionnel Faso Dan Fani « est bien plus qu’un simple tissu, c’est un symbole de notre identité, un moteur de développement économique et un vecteur de fierté nationale. Ensemble, faisons du Faso Dan Fani un emblème de notre pays et inspirons les générations futures ». Il ajoute qu’en faisant le choix du Faso Dan Fani, c’est soutenir non seulement l’économie locale mais aussi un mode de consommation plus responsable et plus durable.
Abdoul-Karim Etienne SANON