Dans notre rubrique de la semaine, nous sommes allés à la rencontre de l’étoile montante de la musique burkinabè. Miss Tanya, puisque c’est d’elle qu’on parle, à l’état civil Douti Tanya Bikienga est une artiste chanteuse qui a su frayer son petit chemin dans ce milieu. Dans l’interview qu’elle nous a accordée, elle nous livre le secret de sa réussite.
Qui est miss Tanya ?
Miss Tanya, à l’état civil Douti Tanya Bikienga, est une artiste chanteuse burkinabè. J’ai eu une enfance normale, super et l’amour de la musique est né-là. Je suis l’aînée de la famille. J’ai une sœur et deux frères et je suis titulaire d’une maitrise en marketing et formation.
Parlez-nous de votre quotidien et de votre actualité musicale
Mon quotidien, c’est réfléchir, méditer, travailler. Je ne m’amuse pas trop, je ne fais que travailler. Présentement, j’ai 4 singles sur le marché dont Dôdô, ma bague d’abord, Ndolé et My lover, qui tournent en boucle actuellement.
D’où vous est venue cette passion de la musique ?
Je me suis lancée dans la musique en tant qu’artiste chanteuse en 2018, quand je lançais mon premier single Dôdô le 20 juin 2018. Mais la musique comme je l’ai dit, je l’ai toujours faite et je suis rentrée premièrement en studio en 2013 pour voir ce que ça allait donner.
Quel thèmes abordés-vous dans vos chansons et pourquoi ?
Le thème abordé dans les chansons la plupart du temps, c’est l’amour. Dans Dôdô par exemple, je demande aux filles de se prendre en main, de ne pas toujours s’attendre chaque fois que les hommes leur viennent en aide tout le temps. Ndolé parle d’amour, Ma bague d’abord parle du mariage. De nos jours, les jeunes ne respectent pas les relations. On se met comme on veut au hasard, et à la fin, c’est au hasard, il n’y a plus le mot sacré du mariage. My lover parle aussi de l’amour, un peu les thèmes de la société, plus en général l’amour.
Vos singles ont été un succès, quel est votre secret ?
Mon secret, c’est le travail. Il faut aimer ce que tu fais, toujours travailler, se concentrer pour travailler. Il ne faut pas prêter attention à des choses, il faut toujours travailler sans oublier la prière. Car si tu travailles et tu n’es pas bien, ce n’est pas intéressant. Tout doit aller de pair. Il faut beaucoup prier et avoir confiance en soi. Il faut toujours être déterminé et se battre pour ce qu’on fait.
Quel regard avez-vous sur les artistes femmes au Burkina ?
Je dis que les artistes chanteuses, aujourd’hui nous sommes très fortes, car ce n’est pas évident aujourd’hui ce milieu du showbiz. En tant qu’homme, c’est plus facile. Les gens ont tendance à croire que si tu es une femme, c’est trop facile, mais pas du tout, c’est le contraire. Quand tu es un homme, si les gens veulent t’aider, ils t’aident sans arrière-pensée. Or si tu es une femme, quand quelqu’un veut t’aider, il a des arrière-pensées.
Vous voyez un peu, il ne t’aide pas gratuitement, il veut t’aider et t’aider autrement. Genre si tu n’es pas « speed dans la mine », si tu n’es pas intelligente, tu vas céder à certaines choses qui ne pourront pas t’aider dans l’avenir. Comme je le dis toujours, de la manière dont tu prends ton métier, c’est comme cela que ça te revient. Tu prends ton métier au sérieux, ça te revient sérieusement. Si tu prends ton métier d’une manière pas bien, ça te revient comme cela aussi. Et pourtant, du côté des hommes, quand quelqu’un apprécie ton métier, ta musique, il t’apprécie, t’aide sans arrière-pensée.
Mais nous les femmes, c’est toujours compliqué. Peut-être que tu as ton gars, on va t’aider, lui il va être jaloux. Parce que quelqu’un va t’aider et va vouloir te faire du chantage, vouloir sortir avec toi. Et puis je peux confirmer que la musique burkinabè de nos jours nourrit son homme. Il suffit seulement savoir gérer, s’organiser, c’est tout. Sinon la musique nourrit son homme, la musique c’est une entreprise aussi, c’est un business, ce n’est pas que chanter. En dehors de chanter, c’est un business. Et qui parle de business, parle d’investissement.
Quelle appréciation faites-vous de la musique burkinabè ?
J’ai toujours dit que la meilleure musique, c’est celle de chez nous. Par exemple nous, on fait de la musique urbaine mais on s’inspire toujours de nos griots, des mélodies de notre nature, de ce que nous avons écouté dans l’enfance, de la musique traditionnelle qu’on faisait.
Vous voyez dans nos contrées, souvent quand les femmes veulent cimenter la maison, elles sont là à taper en chantant, pareil aux champs, on s’inspire de ces trucs. Je peux dire que la musique-mère, elle est burkinabè, même chose que le Sénégal, que de l’Afrique du Sud. C’est la musique originale.
Que voulez-vous qu’on vous souhaite souvent ?
J’ai toujours besoin d’encouragements, de bénédictions, de prières surtout.
À quand un album ?
S’il plait à Dieu, à très bientôt ! Parce qu’aujourd’hui, on ne fait pas sortir un album parce que les autres le font. Il faut être préparé, prêt. Dans mon actif, j’ai beaucoup de sons. Si tout ce que je veux réunir est réuni, je vais sortir l’album.
Quelle sera la coloration de cette œuvre ?
Il y aura un peu du tout, il y aura un peu ma vision musicale. Parce que présentement, je fais de la musique commerciale. On verra qui est Miss Tanya en dehors de la musique commerciale, la musique proprement dite.
Comment réagissez-vous quand vous entendez votre musique dans un lieu public ?
Je n’ai pas de mot, tellement ça fait plaisir. Au fait, des fois je suis là quand je monte sur scène, je vois les gens surexcités, moi, ça ne m’excite pas. Je suis là, je regarde et je me dis, mais dis donc ! Au fait, je n’arrive pas à m’en revenir. C’est là que je fais une rétrospection et je me dis, tu as du boulot. Je ne peux que me réjouir, c’est-à-dire que toutes ces personnes qui croient en toi, qui aiment ce que tu fais, vraiment tu as du pain sur la planche. Et là ça me fait plaisir de savoir que je suis utile pour la société, musicalement !
Que fais Miss Tanya à part la musique ?
À part la musique, je fais du business, c’est-à-dire le commerce. Avant la musique, je le faisais, en dehors de la musique, je le fais toujours.
Aïcha TRAORE