La junte au Mali a souscrit presqu’entièrement aux exigences des chefs d’Etat de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO). Cependant, quelques petits points d’achoppement, pour ne pas dire des incompréhensions, subsistent. Et c’est ce qui bloque malheureusement, jusqu’à présent, la levée des sanctions économiques et financières contre le pays. A la limite, on peut se demander si les chefs d’Etat de la CEDEAO n’en font-ils pas trop ? La CEDEAO veut-elle conduire à la place des Maliens la transition ? Ou veut-elle imposer aux Maliens la conduite à adopter pour l’aboutissement du processus ? A moins qu’elle ait, en lieu et place du peuple, des moyens de refonder la gouvernance dans ce pays. Parce que, tout porte à croire que la CEDEAO soit en train d’influencer les institutions de la transition de manière à la conduire elle-même. Sinon, rien d’autre ne pouvait expliquer une telle intransigeance face à un peuple qui a au moins, le droit de décider de ce qui est bien pour lui.
Dans l’architecture de la direction de la transition, les Maliens ont estimé qu’en plus du président, il faut un vice-président. Ce poste a échu au président du Conseil national du salut du peuple. Son rôle est spécifiquement chargé de la sécurité. Les Maliens ont décidé qu’en cas d’empêchement du président, celui-ci assure ses fonctions. Son rôle est tellement clair que si la CEDEAO ne cherchait pas des poux sur des têtes rasées, elle n’aurait pas demandé de le clarifier.
La CEDEAO exige la dissolution du CNSP dès que les organes de la transition seront mis en place. Là aussi, il revient aux Maliens de décider de ce qu’ils vont en faire. Apparemment, ce n’est pas la CEDEAO qui a créé le CNSP. Pourquoi donc exiger sa dissolution ? Tout porte à croire que c’est des militaires que la CEDEAO ne veut à aucun poste de responsabilité dans la transition au Mali. Ce qui est bien une utopie car, que ce soit maintenant ou après, elle aura toujours à faire aux militaires. Que ce soit au pouvoir ou sur d’autres terrains d’opérations.
L’entrée des militaires dans la gestion des pouvoirs a toujours été favorisée par les mésententes et les querelles parfois insensées des civils au pouvoir. Ce sont eux qui ont toujours créé les conditions de la malgouvernance économique, politique et sociale. Source des tensions sociales. C’est ce qu’Alassane Ouattara est en train de faire en Côte d’Ivoire. En s’entêtant à organiser un scrutin présidentiel qui est déjà contesté avant d’avoir lieu. C’est le même scénario qu’Alpha Condé est en train d’écrire en Guinée.
Pendant ce temps, la CEDEAO qui devait attirer leur attention et prévenir ainsi l’arrivée des militaires au pouvoir s’est terrée. On comprend sans doute pourquoi ces deux chefs d’Etat qui briguent chacun un troisième mandat contesté dans son pays sont les plus intransigeants avec le Mali.
Dabaoué Audrianne KANI