Depuis le 30 janvier 2024, le président du Faso, Capitaine Ibrahim Traoré a entre ses mains, le rapport d’activités 2022 de l’Autorité supérieure de contrôle d’Etat et de Lutte contre la corruption (ASCE-LC). Dont une partie est consacrée à l’audit de l’armée.
Cette partie du rapport porte précisément sur le « contrôle de la gestion financière et comptable du ministère de la Défense et des Anciens Combattants ». Pour le moment, ledit rapport n’est pas encore rendu public, mais notre confrère Sirainfo.com qui, apparemment en a eu accès, lève un coin du voile. Le confrère précise que « la période couverte par l’audit va de 2016 à 2021 ». Ce rapport était très attendu par les Burkinabè curieux de savoir comment les fonds alloués à la Grande Muette sont gérés. D’autant que l’essentiel des dépenses militaires sont systématiquement classées secret-défenses. Selon le rapport, les auditeurs ont passé en revue 241 marchés d’une valeur totale de 482 048 128 759 FCFA, attribués par le ministère de la Défense et des Anciens Combattants sur la période incriminée. Parmi ces marchés, 14 ont fait l’objet d’appels d’offres ouverts, 58 de mise en concurrence interne et 169 ententes directes.
En termes d’irrégularités, le rapport pointe du doigt un cumul de fonctions incompatibles (ordonnateur, DAF, contrôleur financier assurés par une même personne). Il y a aussi, la non liquidation de pénalités de retard de 1 632 254 055 FCFA ; le manuel de procédures relatives à la concurrence pour l’acquisition des biens sensibles en lien avec le secret défense, qui n’a pas été validé.
Pour l’armement, le ministère de la Défense a passé 14 marchés entre 2016 et 2022, pour un montant de 83 507 507 233 FCFA. Sur ces 14 contrats, « 08 contrats d’un montant de 75 106 677 520 FCFA, soit un taux de 89,94%, ont été attribués à plusieurs entreprises appartenant à une même personne physique », relève le rapport, sans dévoiler l’identité de la personne. Le rapport note aussi que « la gestion du carburant et des lubrifiants est caractérisée par la mauvaise tenue de la comptabilité (…) et les inventaires périodiques ne sont pas réalisés ».
Concernant les irrégularités relevées, le confrère Sira Info ne dit rien quant aux éventuelles recommandations formulées par l’ASCE-LC, ni sur des suites éventuelles. Cependant, ils sont nombreux, les Burkinabè à se demander ce qu’adviendra de ce rapport. Donnera-t-on un coup de pied à la fourmilière Grande Muette ? Rien n’est moins sûr. Surtout en cette période où l’institution militaire est beaucoup sollicitée dans le cadre de la lutte contre les groupes armés terroristes et la reconquête de l’intégrité du territoire national. En même temps, la lutte contre la corruption est engagée par les plus hautes autorités du pays. Un dilemme qui constitue un casse-tête chinois pour le chef de l’Etat et les autorités judiciaires.
Aly KONATE