Un ministre de la République, qui quitte son bureau à Ouagadougou pour aller visiter deux latrines en construction dans une école. Le sens de l’action peut être important. Mais pas l’acte lui-même. Et pour cause! Soit le ministre n’a pas grand-chose à faire, soit ce sont les services déconcentrés de son département sur le terrain qui ne font pas leur travail. Si bien que le patron est obligé lui-même d’aller faire le constat sur le terrain. Dans un cas comme dans l’autre, il y a problème. Car, si les directeurs et chefs de services déconcentrés (région, province et département) avaient correctement fait leur travail et fait remonter les rapports bien faits et à temps, le ministre n’aurait certainement pas eu besoin d’aller sur ce terrain-là. En effet, il est de notoriété que si tout le monde faisait bien son travail et à temps, il est sûr que même si le pays ne se développerait pas à grands pas, il serait à un niveau assez poussé. Malheureusement, ce n’est toujours pas le cas. C’est pourquoi, il est toujours conseillé de mettre les hommes qu’il faut à la place qu’il faut. Mais cela ne suffisant pas, il faut leur donner des lettres de mission et exiger d’eux des résultats. Au cas contraire, le développement du pays en souffrira. Il est reconnu que le taux d’absorption des financements des projets et programmes de développement est faible. Autrement, certains projets et programmes, qui sont censés avoir faits objet d’études et reçu des financements n’arrivent pas à les absorber. Si bien que, naturellement, le taux d’exécution devient faible. Si l’objectif de tels projets et programmes est de lutter contre la pauvreté (alors que ce sont les plus nombreux dans nos pays), évidemment la pauvreté a encore de beaux jours devant elle. Dans certains cas, il est aberrant de constater sur le terrain qu’après un projet ou un programme de développement pourtant bien mené, on dise que le projet est fini, c’est pourquoi les activités sont arrêtées. Qu’est-ce à dire! Un projet ou un programme de développement n’est pas seulement fait pour la durée du projet. Les activités initiées doivent survivre au projet. Tant que ce n’est pas le cas, c’est que, soit il a été mal conduit, soit la dévolution n’a pas été bien faite. Dans tous les cas, c’est du pareil au même. Face à une telle situation, le gouvernement doit repenser sérieusement la conduite des projets et programmes. Non seulement en responsabilisant sérieusement les acteurs à la base, mais surtout en allégeant sans doute les procédures de décaissement des financements. Car, il sera toujours difficile de conduire à bien un projet de deux ans pour lequel il faut six mois pour assurer un décaissement. De même, il sera difficile pour un projet de réussir ses objectifs si l’ensemble des acteurs concernés ne sont pas suffisamment impliqués. Chacun doit se sentir concerné par le projet et s’approprier ses objectifs. Au cas contraire, ce sera un perpétuel recommencement.
Dabaoué Audrianne KANI