En prélude de la Journée du commerce équitable qui se tiendra les 27 et 28 novembre 2024 dans la belle cité de Sya, nous avons rencontré le président de la Plateforme nationale de commerce équitable du Burkina (PNDCE-B), Issaka K.L. Sommandé, dans le but de nous enquérir des préparatifs.
Quel est le thème de cette biennale qui est à sa 4e édition ?
Cette 4e édition se tiendra sous le thème : « Le commerce équitable face aux défis de l’insécurité et des effets du changement climatique au Burkina »
En quoi consiste le commerce équitable ?
Le commerce équitable est par opposition au commerce conventionnel que nous voyons souvent à travers les échanges entre acheteurs et vendeurs. Le commerce équitable est un commerce qui est autre que le commerce conventionnel, il a ses principes, ses règles et ses avantages. En matière du commerce équitable, le prix n’est pas fixé par l’acheteur comme dans le commerce conventionnel. C’est celui qui a fabriqué le produit qui donne son prix et le prix n’est pas donné au hasard. Il fixe le prix en tenant compte du prix de tous les facteurs de production. Par exemple, si vous avez investi 1000 FCFA pour avoir un produit, vous ne vendez pas ce produit en dessous de 1000 FCFA, par contre dans le commerce conventionnel le commerçant peut donner à un tel prix sans tenir compte de ces éléments. Le commerce équitable est basé sur la confiance entre acheteur et producteur, un contrat qui existe entre les deux et ce contrat peut s’étendre sur une durée de 3 ans. Il prône la production en tenant d’un certain nombre principes d’étique. Les produits du commerce équitable sont produits en respectant le genre, les droits humains, l’environnement ainsi que les droits de l’enfant.
Quels sont les avantages ?
Le commerce équitable prône la production respectueuse de l’environnement. Quand on veut produire une mangue ou une salade, il faut respecter l’environnement en utilisant moins de produits chimiques. Les produits du commerce équitable sont des produits sains pour la santé humaine et animale. Ce commerce permet de vendre nos produits sur un grand marché et d’avoir non seulement des bénéfices mais aussi d’avoir un autre montant que le consommateur paye pour les efforts que vous avez fournis. Par exemple, si je vends mon produit à 2000 FCFA, le consommateur va mettre une certaine somme de 100 FCFA ou 300 FCFA en plus du bénéfice que le consommateur va payer. Ce montant est appelé la prime sociale ou la prime de développement qui permet de mener des activités socioéconomiques. Ce n’est pas seulement le producteur ou le consommateur qui a vendu le produit qui en bénéficie, mais c’est toute la communauté.
Comment la communauté bénéficie de cette prime sociale ?
La prime sociale obtenue par certains acteurs, permet d’investir dans les écoles en payant les équipements, à accompagner les personnes déplacées internes, et investir dans les produits sains à la consommation. Elle permet également de valoriser l’emploi rural, et de diminuer le chômage.
Quels sont les différents produits qui rentrent dans le cadre du commerce équitable ?
Au niveau du Burkina, nous avons la mangue séchée comme fraîche, le sésame, l’anacarde, le bissap, le soumbala, l’amande de karité et le beurre de karité ainsi que d’autres, qui sont produits et transformés au Burkina Faso, en respectant les normes écologiques. Notons également que nous avons quatre types de produits au Burkina Faso qui sont dans quatre filières. D’abord, il y a la filière oléagineuse qui regroupe tous ce qui est huile tel que l’huile de sésame, l’huile de beurre de karité. Ensuite la filière agro-alimentaire qui sont, la mangue fraiche et séchée, l’anacarde. Il y a également les produits cosmétiques, les dérivés du beurre de karité à savoir, le savon et la pommade. Enfin, au niveau de la filière artisanale, nous avons les pagnes Faso Danfani, le coton, les sacs faits à partir des sachets plastiques. Pour être dans le commerce équitable, il existe un certificat délivré par des structures de certification après audition dans le but de savoir si vous respectez les normes d’étique, les règles et les principes de ventes. Aussi, pour savoir si vous prenez en compte les préoccupations des femmes et des jeunes, de l’environnement, la bonne gouvernance, et si la parole est donnée à tous. Tous ces éléments sont audités par des structures qui peuvent être des structures de production agricole, de transformation ou de l’artisanat. Si tout est respecté, vous avez le certificat pour ventre sur le marché équitable. Cependant, si vous ne respectez pas les normes, ces structures vous amènes à les respecter et à leur fournir la preuve qui montre que vous respectez les normes avant de vous certifier.
Quel est l’objectif de la plateforme nationale du commerce équitable ?
La plateforme nationale du commerce équitable est une organisation faitière qui regroupe tous les acteurs du commerce équitable, c’est-à-dire les producteurs, les transformateurs et autres. Nous avons 40 organisations membres à travers le Burkina Faso. La plateforme est nationale et fréquente dans presque toutes les régions du Burkina Faso. Son objectif est de faire la promotion du commerce équitable, permettre aux autres de connaitre ce que sait que le commerce équitable. C’est aussi faire le plaidoyer auprès de l’Etat et d’autres structures pour permettre aux acteurs du commerce équitable d’avoir un environnement propice pour mieux mener leurs activités. Egalement, c’est de renforcer la capacité des membres de la plateforme à travers un certain nombre de formations que la plateforme initie au profit de ses membres. Souvent, il faut connaitre le marché, connaitre les règles du marché, voire la vente sur le marché. La plateforme initie des activités dans ce sens pour accompagner ses membres. La plateforme du commerce équitable joue le rôle de chercher des financements pour accompagner ses membres. Elle a un site web où il y a un catalogue dans lequel on peut avoir tous les produits disponibles. Souvent, les acheteurs contactent la plateforme par rapport au besoin d’un produit et elle met les acheteurs en relation avec ses membres.
Comment se passe les préparatifs ?
Cette activité sera présidée par le ministre de l’Industrie, du Commerce et de l’Artisanat, parrainée par la Société burkinabè des huiles végétales et coparrainée par Agronomes et Vétérinaire sans frontière (AVSF). L’invité d’honneur est la Coopération belge. Les préparatifs se passent bien, nous sommes en train de nous atteler afin d’être au rendez-vous.
Quelles sont les difficultés rencontrées ?
Nous avons des difficultés au niveau de la mobilisation financière, car l’activité demande beaucoup d’argent. Il y aura beaucoup d’invités qui viendront d’Europe, de la Guinée Conakry, la Côte d’Ivoire, du Mali, du Benin, du Ghana, du Togo et autres. On espère que d’ici là, on pourra surmonter ces difficultés.
Quelle sera la part contributive de ces étrangers ?
L’objectif de cette grande activité est de pouvoir informer et mobiliser le grand public sur les enjeux et lui faire connaitre le commerce équitable. Dans ces pays, il y a aussi des plateformes comme chez nous, dont certains viendront témoigner en expliquant comment les choses se passent. Ils vont contribuer également à animer des panels, des ateliers, des échanges sur le thème de l’activité. Ils viendront partager leurs expériences et bénéficieront en retour de l’expérience du Burkina Faso.
Quelles seront les principales articulations pendant les deux jours de l’évènement ?
Durant ces deux jours, il y aura des panels, des témoignages par rapport aux difficultés que certaines structures ont rencontrées en tenant compte de la période d’insécurité et du changement climatique. Par ailleurs, des échanges interactifs entre participants, entre producteurs, avec des services techniques du public et du privé, l’accompagnement des ONG et des structures de certification afin de trouver des solutions aux problèmes que rencontre le commerce équitable.
Combien de participants avez-vous prévus pour cet évènement ?
Nous avons prévu environ 350 participants, mais s’il plait à Dieu nous allons dépasser les prévisions.
Quel est votre dernier mot à l’endroit des Burkinabè ?
J’invite la population à venir et à participer massivement aux différentes activités afin de mieux comprendre le commerce équitable. Je les exhorte à s’adhérer sur la plateforme et à investir dans des produits sains du Burkina, qui leur permettront d’avoir un large marché et de vivre pleinement de leur métier. C’est valable aussi pour toutes les structures et organisations qui œuvrent dans la production et la transformation des produits artisanaux. En faisant ainsi, la population participe également à la promotion de ces produits et à avoir une bonne gestion naturelle et financière. J’invite de ce fait, tous les communicateurs à s’investir davantage dans la sensibilisation et dans la mobilisation aux côtés de la Plateforme nationale du commerce équitable.
Entretien réalisé par
Estelle Wende Mi KOUTOU