Marigot Houet : Un cours d’eau sacré transformé en toilettes publiques

Le marigot Houet qui traverse la ville de Bobo-Dioulasso, capitale de la région des Hauts-Bassins, abrite des silures sacrés, l’emblème de la ville. Si certains habitants viennent y faire des sacrifices pour demander paix et prospérité, d’autres prennent l’endroit pour des toilettes publiques.

Des ordures sont déversées au quotidien dans le marigot Houet

Le marigot Houet dans sa partie parcourant Bolomakoté, offre de belles vues : des bambous géants et touffus, des monticules de sables alluvionnaires, des silures barbotant dans des eaux claires ce jeudi 15 octobre 2020, etc. De part et d’autre du cours d’eau, non loin du rond-point de la Nation, on peut découvrir plusieurs espèces d’arbres et de fleurs, un véritable verger botanique de fait, entretenu par plusieurs jardiniers. Mais apparemment, certains riverains ne voient pas les choses sous cet angle. Ils profitent du calme relatif régnant dans les environs pour faire leur besoin. Derrière la gare de TSR, l’on ne peut faire quelque pas aux abords du marigot sans voir des parties transformées en dépotoir. Un jardinier qui en subit les conséquences, exprime sa tristesse à ce sujet : « Lorsque je me suis installé pour commencer mes activités de jardinage, tout le coin était souillé de selles et d’ordures de toute sorte. J’ai mis beaucoup du temps pour l’assainir. Malgré ma présence, je suis obligé de faire la bagarre avec les riverains qui insistent pour jeter des ordures dans le marigot. Le pire, c’est que plusieurs personnes ont transformé le marigot en W.C (toilettes) et je suis obligé souvent d’enfouir les selles dans du sable », a expliqué en dioula, la langue locale, Ismaël Sanou. Pour ce jardinier, les autorités doivent prendre des mesures pour nous éviter le pire». Il a rappelé que les ordures infectent les produits maraichers produits dans les jardins à proximité et qui sont consommés par la population. «C’est dans le marigot que nous prenons l’eau pour l’entretien des plantes», va-t-il préciser.

Bakary Kassamba, un pépiniériste de la zone est si touché par le laisser-aller de ces concitoyens, qu’il n’a pas voulu s’épandre sur le sujet. Il a tenu tout de même à interpeler les autorités. Car pour lui, si rien n’est fait, ce sera un désastre.

Moussa Gnoumou, un vendeur de friperie rencontré lui aussi à côté du marigot, partage le même avis et va plus loin. Il estime que les personnes qui travaillent pour rendre le marigot propre, sont moins par rapport à celles qui le souillent. Ce qui n’est pas bon pour l’image de notre ville. « Donc, je demande vraiment aux autorités de revoir la question de l’assainissement du marigot Houet », affirme-t-il.

Le marigot Houet a toujours été pour la ville Bobo-Dioulasso ce qu’est le Nil pour le Caire. En plus de donner son nom à la province et ses silures comme emblème, il regorge de beaucoup de valeurs traditionnelles pour la population bobolaise. Son entretien doit donc être l’affaire de tous, pour le bonheur de tous.

Aymeric KANI

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