Mory Sanou, candidat de la présidence de la FBF : « Je suis en position et en capacité de diriger »

Calme et peu bavard, Mory Sanou a décidé de se lancer pour la 3ème fois dans la course pour l’élection du président de la Fédération burkinabè de football. Si les deux dernières tentatives n’ont pas été poursuivies jusqu’au bout, il compte se donner les moyens pour arriver à ses fins cette fois. Technocrate, Mory Sanou connait bien la maison du football burkinabè pour avoir exercé la fonction de directeur technique national et administratif et avoir occupé plusieurs fonctions au ministère des sports et des loisirs. Candidat déclaré à la course pour le fauteuil du président de la FBF, nous avons eu l’occasion d’échanger avec lui sur sa candidature, ses attentes et sa vision du football au pays des hommes intègres.

Après deux tentatives sans suite, vous revenez pour une troisième. Qu’est-ce qui a motivé cette dernière?

Ce n’est pas que ces tentatives n’étaient pas muries et réfléchies. J’y ai renoncé pour faire cohésion autour de notre football, avec les acteurs qui étaient mieux indiqués à l’époque que moi. Et c’est sur ces fondements que je base ma candidature présente. Cette candidature est motivée par le fait que j’ai compris, à partir des deux expériences, qu’il est important que nous nous fixons des objectifs clairs et transparents, pour tout le monde. Et que ces objectifs soient ce qui nous unis pour développer notre football. Ensuite, j’ai proposé un projet de développement du football burkinabé dont l’une des étapes était le professionnalisme en 2010. Près de 10 ans après, nous ne sommes toujours pas professionnels. Il va donc de ce fait que ceux qui doivent le faire n’ont pas un plan dans ce sens. Il est important que je me propose pour cela. En plus de cela, j’ai écrit deux livres sur le sport et développement. Comment le sport peut apporter sa contribution au développement communautaire? Le football étant le moteur du sport burkinabè, il se doit de donner l’exemple et il faut pour cela une vision claire pour avancer.

Avez-vous les clés pour rendre notre football professionnel?

Bien sur, c’est la proposition faite dans mon plan. Il y a nécessité d’un accompagnement de toutes les institutionsde l’Etat et toutes les structures qui sont au Burkina pour que cet état de fait soit, parce que tout le monde y a intérêt. Il y a la création d’emplois, beaucoup de choses bénéfiques pour la population. Nous avons proposé et nous avons des idées dans cette direction.

Pourquoi n’avez-vous pas travaillé avec les acteurs qui avaient en charge la gestion de notre football puisque vous avez des idées?

Il y a plusieurs raisons. Ce n’est parce que je ne veux pas. Je suis disponible. Parmi les acteurs, il y a en qui sont disponibles. Mais, vous savez dans le milieu, il y a beaucoup d’intérêts en jeu. Par exemple, lorsqu’en 2002 la fédération en place est partie, j’étais le directeur technique national, et j’avais été affecté à Dori. Le président de la nouvelle fédération Seydou Diakité m’a fait venir de Dori, en prenant en charge mes frais et a payé mes honoraires comme un consultant. Il m’a dit qu’il veut travailler avec moi et m’a fait rencontrer son équipe. Avant de partir de la fédération, je leur ai fait le point par écrit de la coopération avec les Pays-Bas, pour que sans moi on puisse poursuivre cette coopération, parce ce que c’était intéressant pour le Burkina Faso. J’ai fait un rapport écrit avec tous les détails pour que ceux qui me succédaient, puissent faire le travail. Je leur ai donné des informations verbales avec à l’appui le document écrit transmis. Mais, j’ai senti que dans son équipe il y a des gens qui ne voulaient pas de ma présence, simplement parce que j’étais avec l’ancienne équipe. Je savais que la coopération serait difficile. Donc, j’ai dit au président Diakité, pour la cohésion de votre équipe, il est important que je ne sois pas dedans. J’ai plusieurs raisons, comme avec le président actuel de la FBF et d’autres présidents. Les gens qui disent qu’on ne me voit pas, et pourtant je suis sur le terrain.

Par rapport à 2012 et 2016,qu’est-ce qui a changé au point de motiver une nouvelle candidature cette année?

Beaucoup de choses ont changé. D’abord nous prévoyions la professionnalisation de notre football en 2010. Cela n’a pas été. Donc on a perdu 20 ans. On pouvait être en avance. Ensuite, il y a le fait que le sport, c’est mon métier. C’est le sport qui me nourrit. Après avoir étudié le sport, je ne peux pas m’asseoir et regarder les choses se faire, sans apporter ma contribution. Puis, nous avons un contexte national qui veut aujourd’hui qu’on se rassemble et qu’on regarde tous dans une même direction. Le sport a une grande contribution à cela. Je suis consultant dans ce domaine à savoir sport, développement et cohésion sociale. Il faut que je propose cela dans mon pays, il est de ma responsabilité. Le sport c’est pour la jeunesse, alors c’est eux qui sont recrutés pour faire du terrorisme. Si la jeunesse est sainement occupée par le sport, ils vont tourner le dos au terrorisme. Tout Burkinabè doit apporter sa pierre à l’édification de la nation. Voila l’une des raisons pour laquelle je suis candidat et je compte aller jusqu’au bout. Au bout, ça veut dire que je compte dire aux acteurs de terrain, ceux qui décident du choix de ceux qui doivent diriger, afin de les mettre tous face à leurs responsabilités. Si on accepte ma candidature, nous allons ensemble construire quelque chose de solide.

Etes-vous sûr de pouvoir remplir les conditions de candidature exigées. Selon les textes de la FBF, la candidature à l’élection du président de la FBF doit être soutenue par des ligues et des clubs?

Je veux justement éviter cette partition, parce que vous parlez de ma personne. Je ne veux pas mettre ma personne en avant pour avoir la sympathie des uns et des autres. Je veux que l’intérêt du football soit ce qui nous unit. Tous les dirigeants, tous les acteurs du football comprennent cela. Parce que si le football ne se porte pas bien, ils ne seront pas là. Ce sont mes idées qu’ils doivent soutenir, non pas ma personne. Sinon, j’ai des amitiés et des relations.

Mais, vous avez besoin du parrainage de ligues et de clubs pour que votre candidature soit validée?

Oui bien sûr! Comme tous les autres candidats, je vais solliciter les ligues et les clubs. Ce n’est pas particulier à moi seul.

Pouvons nous déjà savoir les ligues et les clubs qui porteront votre candidature?

J’ai des contacts personnels avec les dirigeants de clubs, parce que j’ai été dans le milieu pendant longtemps. J’ai de bons rapports avec le président sortant, avec tous. Mais, pour que les choses marchent, il faut que ce soit dans l’intérêt de notre football, dans sa structuration, et pour cela, il faut des spécialistes pour le faire. Si un spécialiste est en position de diriger, il faut que cela soit. Aujourd’hui, je suis en capacité de diriger.

Comment comptez-vous mener votre campagne ?

Une campagne, il y a un programme qu’on doit exposer. On fait un projet de sorties pour exposer ce programme aux acteurs qui doivent décider. Tous les candidats feront la même chose. Bientôt mon programme de campagne sera disponible. Actuellement, c’est la phase de mise en place des structures qui doivent décider pour la fédération. La campagne doit démarrer après le 21 juin.

Quelle est l’équipe de campagne de Mory Sanou?

J’ai mis en place une équipe de pilotage de ma campagne. Je compte faire la différence avec les stratégies habituelles. J’ai donc pris des gens un peu spécialistes dans leurs domaines, pour m’accompagner et m’orienter dans l’organisation de ma campagne. Ce n’est pas une affaire de prendre tel club ou tel club. Mais, j’ai mes contacts dans les clubs et les ligues. Il faut que je vois avec les autres candidats, parce qu’il y a des conditions posées qui ne sont pas dans l’intérêt de notre football. Il faut que nous candidats, nous voyons comment gérer ces choses là.

Quelles sont ces conditions, pouvez vous donner des précisions?

On a comme exemple, mettre trop de parrainages pour une candidature. Ce n’est pas normal. Le parrainage d’un membre doit être suffisant. C’est mettre aussi la pression sur les autres pour ne pas avoir de vraies candidatures. Même à la présidentielle du Faso, on n’a pas ces conditions-là. Il y a certains aspects des textes de la fédération qui doivent être revus, le plus rapidement possible dans l’intérêt de notre sport. En 2012, j’avais mis en place une équipe pour piloter ma candidature. Les textes avaient été trafiqués pour que c’est le président seul qui est élu et qui met en place son équipe. J’ai fait la liste des membres de mon bureau. Je veux qu’on change les donnes, on dirait une affaire de copinage. Quand c’est une affaire de copinage, vous ne pouvez pas avoir des résultats objectifs. Nous avons une fédération qui est un regroupement de structures de base à savoir les ligues, les districts, les clubs. Donc, nous devons avoir des représentants de chaque zone de développement de notre football. Et qui doivent siéger au comité exécutif. Et ça doit être codifié dans les textes.

Il y a aussi la commission électorale dans sa forme révisée, est-ce qu’elle vous satisfait?

Non, elle est toujours sous la coupe du comité exécutif ou du dirigeant sortant. Il faut que le ministère des sports et des loisirs prennent ses responsabilités, pour mettre en place une commission nationale de renouvellement des structures. Le ministère peut le faire et à le devoir de le faire. Exactement à l’image de la CENI, et il y a des démembrements par structure de sport. Dans les prochains jours, nous allons voir avec les autres candidats comment attirer leur attention sur ces aspects.

Quelle sera l’originalité de votre programme de campagne?

Mon programme est exprimé en dix axes. L’originalité, c’est d’abord le fait de responsabiliser les structures de base qui sont les clubs, les districts et les ligues, les rendre autonomes. C’est le fondement. Ensuite, il y a l’aspect des compétitions, parce que c’est la clé du développement. Nous voulons apporter des reformes sur le système des compétitions pour les adapter à l’esprit des compétitions internationales, au niveau de la CAF et de la FIFA. Il faut que nos joueurs soient préparés à être de bons acteurs dans ces compétitions. Nous avons des championnats qui durent. On est pas obligé d’avoir des championnats, surtout que nous avons des joueurs qui sont mal payés et mal nourris. On perd plein de talents à cause de la mauvaise organisation des compétitions.

Avez-vous déjà une idée sur vos challengers? Quelles sont vos réelles chances?

Si je ne croyais pas, je ne me serai pas lancé. Je crois qu’aujourd’hui, les décideurs c’est-à-dire les présidents de clubs, de ligues et de districts ont suffisamment de maturité, d’expérience dans la pratique des activités quotidiennes qu’ils mènent pour savoir les propositions qui leur sont faites pour le développement de notre football. En toute âme et conscience, ils vont décider vraiment en faveur du football. Si c’est cela, ce que je propose est réellement en faveur du football. C’est avec confiance que j’aborde cette campagne de 2020.

Propos recueillis
Par Firmin OUATTARA