Programmation budgétaire :le document présenté aux parlementaires

Le ministre de l’Economie et des Finances, Dr Aboubacar Nacanabo, a présenté le Document de programmation budgétaire et économique pluriannuelle (DPBEP) 2026–2028 à la représentation nationale. C’était lors de la séance plénière du 30 juin 2025 présidée par le 4ème vice-président de l’Assemblée législative de transition (ALT), Daouda Diallo. Il en ressort qu’au 31 mai 2025, les recettes mobilisées sont de 1 293,9 milliards FCFA, pour un objectif annuel de 3 274,8 milliards FCFA, soit un taux de réalisation de 39,5%.

 

Le DPBEP présenté par le ministre Nacanabo est un outil de cadrage macroéconomique, budgétaire et financier couvrant une période de trois ans. Il s’appuie sur des hypothèses économiques rigoureuses. Il vise à assurer la cohérence entre les ambitions de développement et la capacité réelle de mobilisation des ressources publiques, tout en promouvant une gestion vertueuse des finances publiques. Il fait état d’une croissance de l’activité économique de 6,0% en 2025 contre 5,0% en 2024. Les recettes ordinaires recouvrées ont atteint 1 244,7 milliards FCFA, correspondant à un taux de recouvrement de 99,7% des prévisions à fin mai et de 40,3% de l’objectif annuel. Les recettes extraordinaires, constituées essentiellement de dons, projets, ont été mobilisées à hauteur de 49,2 milliards FCFA.  Quant aux dépenses du budget de l’État, exercice 2025, à fin mai 2025, elles enregistrent un niveau d’exécution base « engagée visée » de 1 387,8 milliards FCFA sur une prévision des crédits de paiement ajustée de 3 612,3 milliards FCFA. Le ministre a souligné la poursuite de la mise en œuvre du programme économique et financier soutenu par la Facilité élargie de crédit (FEC) avec le Fonds monétaire international (FMI) sur la période 2023-2027 et le maintien de la suspension du pacte de convergence, de stabilité, de croissance et de solidarité de l’Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA).

Les six priorités du budget de l’Etat 2026

Pour Dr Aboubacar Nacanabo, les priorités du budget de l’Etat 2026 résident dans six axes notamment la paix et la stabilité socio-politique ; l’autosuffisance alimentaire, l’accroissement de la production agricole de rente et la transformation agroalimentaire ; le développement d’un capital humain de qualité ; le développement d’infrastructures économiques, résilientes et adéquates ; le développement d’un tissu industriel à effet d’entrainement élevé et ; la bonne gouvernance économique, administrative et locale. Les projections budgétaires issues du scénario de base du cadrage budgétaire tablent sur un taux de croissance de 7,2% en 2026. De l’avis du ministre, en tenant compte des hypothèses du scénario de base, les recettes budgétaires totales seraient de 3 431,5 milliards de FCFA en 2026, 3 732,5 milliards de FCFA en 2027 et 4 090,5 milliards de FCFA en 2028, soit un accroissement annuel moyen de 9,2%. Les recettes extraordinaires composées uniquement de dons et projets se situeraient à 215,0 milliards de FCFA en 2026, à 213,0 milliards de FCFA en 2027 et à 209,5 milliards de FCFA en 2028, soit une baisse annuelle moyenne de 1,3% sur la période. Les recettes ordinaires s’établiraient à 3 216,5 milliards de FCFA en 2026, à 3 519,6 milliards de FCFA en 2027 et à 3 881,0 milliards de FCFA en 2028, soit un taux d’accroissement annuel moyen de 9,8% sur la période 2026-2028. Pour l’année 2026, les objectifs de mobilisation de recettes propres assignés aux régies (hors crédits TVA) sont de 1 565,2 milliards de FCFA pour la Direction générale des impôts (DGI), de 1 342,6 milliards de FCFA pour la Direction générale des douanes (DGD) et de 308,7 milliards de FCFA pour la Direction générale du trésor et de la comptabilité publique (DGTCP). Les recettes fiscales passeraient de 2 890,2 milliards de FCFA en 2026 à 3 179,2 milliards de FCFA en 2027 et à 3 526,0 milliards de FCFA en 2028. Ainsi, le taux de pression fiscale se situerait à 17,7% en 2026, à 17,9% en 2027 et à 18,3% en 2028 contre une prévision de 18,1% en 2025.

Dépenses budgétaires 2026 projetées à 3 918,3 milliards de FCFA

Pour ce qui est des dépenses budgétaires totales, elles se chiffreraient à 3 918,3 milliards de FCFA en 2026, à 4 262,8 milliards de FCFA en 2027 et à 4 666,7 milliards de FCFA en 2028. Les dépenses ordinaires évaluées à 2 542,8 milliards de FCFA en 2026 ; 2 662,4 milliards de FCFA en 2027 et 2 757,3 milliards de FCFA en 2028 représentent en moyenne 62,1% des dépenses totales et absorbent 75,2% des recettes ordinaires. A propos des dépenses de personnel, elles afficheraient un montant de 1 342,0 milliards de FCFA en 2026, 1 399,1 milliards de FCFA en 2027 et 1 458,6 milliards de FCFA en 2028. La masse salariale représenterait sur la période 32,8% des dépenses budgétaires totales et 39,7% des recettes propres ; apportée aux recettes fiscales, elle se situerait à 43,9% en moyenne sur la période.  Les dépenses en capital composées des investissements exécutés par l’Etat et des transferts en capital, représentent en moyenne 37,9% des dépenses budgétaires totales sur la période de projection. Elles passeraient de 1 375,4 milliards de FCFA en 2026 à 1 600,3 milliards de FCFA en 2027 et à 1 909,4 milliards de FCFA en 2028. La répartition de l’enveloppe globale de 880,1 milliards de FCFA allouée aux investissements en 2026 a été faite sur la base des six enjeux retenus.

Déficit couvert par les ressources de trésorerie

Dans ce Document de programmation budgétaire et économique pluriannuelle (DPBEP), il ressort que l’épargne budgétaire se chiffrerait à 673,7 milliards de FCFA en 2026; 857,1 milliards de FCFA en 2027 et à 1 123,8 milliards de FCFA en 2028. Le déficit budgétaire ressortirait à 486,8 milliards de FCFA en 2026, à 530,3 milliards de FCFA en 2027 et à 576,2 milliards de FCFA en 2028. Ce déficit sera couvert par les ressources de trésorerie notamment, les emprunts projets et programmes ainsi que des emprunts obligataires dont le montant sera déterminé par la Stratégie de gestion de la dette à moyen terme (SDMT) 2026-2028. Les projections de l’économie nationale sur la période triennale 2026-2028 font état de l’amélioration de la plupart des indicateurs macroéconomiques.

En matière d’allocation budgétaire pour l’années 2026, les prévisions de ressources allouées au secteur de la défense et de la sécurité sont de 708,3 milliards FCFA; celles aux secteurs de l’éducation et de la santé, incluant les initiatives présidentielles y afférentes, sont respectivement de 837,5 milliards FCFA et 361,8 milliards FCFA.  Celle sur les ressources propres prévues pour le secteur de l’agriculture s’élèvent à 111,7 milliards FCFA. A en croire le ministre, il sera observé une grande discipline dans la programmation, l’exécution budgétaire, le choix et la gestion des investissements.

Aïcha TRAORE