Salimata Sanfo, laveuse de plats : “Je veux être une référence »

Elle est titulaire d’une licence en marketing et management, mais elle a fait du lavage des plats son boulot. Elle, c’est Salimata Sanfo, âgée de 22 ans, elle a créé son entreprise 3S SERVICE en début de l’année 2020. Son histoire.

Être une jeune fille entreprenante n’est pas chose aisée

Tout serait parti d’un constat lors d’une cérémonie de mariage à laquelle elle a assisté. “J’ai remarqué qu’il n’y avait personne pour laver les plats, et à chaque fois il fallait batailler pour trouver une assiette afin de se faire servir. Et le lendemain également on voyait les plats entassés ainsi que les marmites que tout le monde évitait au maximum. C’est de là que l’idée m’est venue de mettre mon  projet en place”, a fait savoir Salimata Sanfo. Elle qui nourrissait depuis longtemps l’envie d’être autonome et d’apporter sa contribution en tant que jeune fille dans le développement de son pays. Son activité consiste donc à nettoyer les assiettes et ustensiles de cuisine pendant les différentes cérémonies. La jeune entrepreneure explique : “j’exerce dans le nettoyage des plats pendant et après les cérémonies, ainsi que dans le nettoyage des maisons en fin de construction. Les ménages nous font appel quand ils ont une cérémonie quelconque. Nous venons au plus tard à 8 heures pour commencer le travail. Au fur et à mesure que les invités finissent de manger, une équipe s’occupe de sillonner dans la cour pour ramasser les assiettes sales, les fait sortir afin qu’on procède au lavage. Généralement, nous quittons les lieux à 19h au plus tard, après avoir lavé les différentes marmites et Thermos. Il faut dire que j’ai des collaboratrices avec qui je travaille. J’ai deux qui sont permanentes. Si le service nécessite d’autres personnes, je lance un recrutement”.

Salimata Sanfo sur le terrain

Conquérir le marché à tout prix

Salimata Sanfo veut conquérir le marché du nettoyage des grandes entreprises de Ouagadougou, voire du pays et permettre aux femmes et jeunes filles d’être autonomes. Mais avant d’atteindre cet objectif, la jeune fille doit faire face à d’énormes difficultés telles que le manque de confiance et des propositions indécentes de certaines personnes. Elle nous raconte : “les gens ont du mal à faire confiance à ce que nous faisons. Et le faite d’être une jeune fille nous décrédibilise. On est dans un pays où faire appel à un service pour ce genre de travail, est mal vu. Je pense que c’est dû à cela d’une part. Aussi, les gens trouvent que nos services sont chères parce que souvent les femmes du quartier le font moins que ça”. Elle nous confie également, “ étant jeune on a forcément besoin du soutien et des conseils des aînés pour pouvoir avancer. Force est de constater que notre approche est mal interprétée, on en vient souvent à nous demander le sexe en retour d’une quelconque aide”. En dépit de toutes ces difficultés, Salimata Sanfo ne se décourage pas, et c’est d’ailleurs ce qu’elle conseille aux jeunes filles et femmes entrepreneures. “Ça ne sera pas facile, mais l’essentiel c’est de tenir bon”, dit-elle.

Aïcha TRAORE