Affaire Norbert Zongo, jusqu’à quand va-t-on attendre la justice ?

Vingt-deux ans après son assassinat, la justice cherche toujours la vérité sur ce douloureux événement intervenu très tôt ce 13 décembre 1998 à Sapouy au cours duquel le journaliste Norbert Zongo et ses compagnons ont trouvé la mort. Tous calcinés dans l’incendie du véhicule à bord duquel ils se trouvaient. La nature de cet assassinat atroce est venue ajouter à la colère des Burkinabé. Les manifestations qui ont suivi ont failli emporter le régime de Blaise Compaoré. Mais, celui-ci a résisté. Le procès qui a suivi n’a pas non satisfait les défenseurs des droits de l’homme. Sous la transition intervenue en 2014, le dossier sera rouvert en 2015. Avec pour principal et nouvel accusé, François Compaoré. La procédure de son extradition de la France vers le Burkina Faso est toujours en cours. Comme la justice l’a toujours été.

La principale question qu’on se pose est celle de savoir jusqu’à quand va-t-on attendre la fin de cette affaire ? Qui, comme celles de Thomas Sankara, de Boukary Dabo, de Nébié et d’autres victimes de violences en politique, continuent de polluer les relations sociales entre les Burkinabé ? Espérons que dans le cadre de la réconciliation prônée par tous les candidats à la présidentielle, dont le vainqueur Roch Marc Christian Kaboré, toutes ces affaires connaissent leur épilogue. Pour qu’enfin les Burkinabé puissent se consacrer à des questions essentielles de développement, de bien-être social, de sécurité, de lutte contre les maladies, la malnutrition et l’intolérance. On ne peut accepter que des questions qu’on aurait pu juger et classer depuis très long puissent continuer de prendre en otage tout un peuple. Les Burkinabé n’ont pas que ça à faire.

Les Burkinabé ont juste envie de savoir ce qui s’est passé. Que ce soit dans les affaires de crimes politiques ou de crimes économiques. Ils sont capables de passer l’éponge une fois la vérité connue. Mais tant que les présumés coupables continueront de ruser avec la justice et tirer ainsi ces affaires en longueur, elles continueront de faire jaser.

Si tel devait être le cas, que les mis en cause le retiennent une fois pour toute : tôt ou tard, toutes ces affaires seront jugées. Si vingt-deux ans après elles sont plus que vivaces dans les esprits des Burkinabé, ce n’est  pas demain qu’ils les oublieront. D’ailleurs, cette année comme les années antérieures, les élèves ont manifesté (même si c’est dans le désordre) pour réclamer justice. Les organisations de défense des droits de l’homme et de la liberté d’expression sont encore sorties pour dénoncer non seulement la lenteur de la justice, mais réaffirmer leur engagement à faire aboutir le dossier.

Aussi, une fois de plus, tous ceux à qui on reproche des choses devraient se mettre à la disposition de la justice pour qu’on en finisse avec toutes ces affaires. Faire perdre davantage de temps, c’est refuser la justice et la vérité ; c’est refuser la réconciliation, c’est retarder le développement de son pays.

Dabaoué Audrianne KANI