Le problème du Burkina, c’est la classe politique et les intellectuels

Est-ce à dire que les députés et leurs partis ne sont pas en phase? Pour l’instant, c’est le moins que l’on puisse dire quand on fait une petite analyse de la situation politique nationale actuelle. L’Assemblée nationale, donc les députés, ont voté en plénière et à l’unanimité le projet de loi portant prorogation de leur mandat pour une raison principale: l’insécurité dans les principales zones en proie aux attaques terroristes. Pour l’Assemblée nationale, la situation est telle qu’il ne sera pas possible d’y organiser des élections auxquelles prendront part effectivement les populations qui sont concernées. Puisqu’il s’agit pour elles d’élire leurs représentants que sont les députés. Même le président du Faso, c’est leur représentant.

Il n’en fallait pas pour que la classe politique gagne en ébullition. Et pour cause, elle s’était déjà entendue sur le calendrier électoral et tout ce qui entre dans l’organisation des élections couplées. Ce qui est tout à fait normal. Autrement, si leur accord devait être remis en cause, cela ne devrait pas venir de l’Assemblée nationale. Et pourtant, l’Assemblée nationale, en initiant une sortie sur le terrain (qui n’est pas une enquête parlementaire) pour s’enquérir des difficultés des populations des zones à risques, a bien fait de rendre compte à qui de droit: le président du Faso. Seulement, c’est certainement la forme qui a manqué si bien que la classe politique qui n’entend pas que des députés qui la représentent à l’Assemblée nationale décident à sa place. Dommage!

Car en effet, comme on peut le constater, c’est tout simplement un problème entre hommes politiques et intellectuels. Qui, autant le dire, constituent le grand problème des peuples, notamment des Burkinabé. Autrement, il s’agit ni plus ni moins qu’une dispute autour de l’os fumant: le pouvoir. Et dans les partis politiques, et entre les partis politiques eux-mêmes. Les uns estiment que les autres veulent proroger pour continuer de manger, les autres pensent que leur temps est arrivé. Ainsi va la politique au Burkina Faso.

Les Burkinabé ont des préoccupations plus pressantes que toutes ces questions d’élections de députés et de président du Faso. Allez-y demander aux producteurs de sorgho à Kalo dans le Yatenga ou à celui de maïs à Nerfindougou dans la Léraba ou à Medebdo dans le Poni qui scrutent l’horizon tout en implorant le ciel pour qu’il ouvre ses vannes parce qu’il a besoin de pluies si leurs préoccupations, c’est d’aller à des élections. Posez la question aux populations de Tanwalbougou à l’Est, de Banh dans le Nord ou de Toéni dans le Sourou si entre leur sécurité et les élections présidentielle ou législatives, ce qui les préoccupent vous aurez une réponse. A Ouagadougou ou à Bobo, dans les quartiers périphériques et à la bourse du travail les populations ont-elles besoin des élections ou de la nourriture parce qu’elles faim?

Posons donc les vrais problèmes. Ce qui peut permettre de leur trouver de vraies solutions. La question de la réconciliation ne date pas d’aujourd’hui. Ceux qui la portaient n’ont-ils pas eu raison?

Dabaoué Audrianne KANI