Ah ! Ces inquiétantes démocraties en Afrique de l’Ouest

Alors qu’en Guinée et en Côte d’Ivoire on est toujours dans l’incertitude après des élections contestées par les oppositions politiques, le Niger donne lui aussi des signes d’inquiétudes avant le scrutin du 27 décembre prochain. Alors qu’Hama Amadou, le principal opposant, a des difficultés à se faire établir un casier judiciaire indispensable pour être inscrit sur les listes électorales et faire acte de candidature, c’est l’opposition qui conteste le certificat de Mohamed Bazoum, le candidat de la majorité au pouvoir. Qui est lui aussi le principal candidat à abattre puisqu’il fait office de dauphin et candidat du président sortant Mahamoudou Issoufou. Si l’un ou l’autre des deux venait à être écarté, il est à craindre que le processus soit perturbé. Avec tout ce que cela peut comporter comme désagréments et conséquences sur le climat sociopolitique. Mahamoudou Issoufou qui rêve d’une alternance pacifique pour la première fois dans son pays, risque de déchanter. Ce qui pourrait ramener le Niger en arrière dans les contestations pré-électorales, alors que le pays est entrain de construire une démocratie enviable. Ici, comme en Côte d’Ivoire et en Guinée, c’est d’artifices juridiques que les uns et les autres veulent se saisir pour écarter un tel ou un tel autre candidat. Ce qui pourrait priver des électeurs de leur droit civique le plus élémentaire, celui d’aller aux urnes et de choisir librement leurs dirigeants.

A l’analyse, si la justice ou du moins les acteurs du système judiciaire ne prennent garde, ils risquent d’apparaître aux yeux de l’opinion comme des marionnettes aux mains des hommes politiques pour assouvir leurs appétits voraces. Même si Hama Amadou est dans les liens de la justice, rien ne l’empêche de faire acte de candidature. Autrement, ce n’est pas à la justice de l’exclure d’une élection aussi importante que la présidentielle. Le code électoral ou le code pénal peut être révisé afin de permettre à un candidat de se présenter. Ce qu’il faut craindre, ce n’est pas le candidat ni sa candidature, mais la réaction de ces nombreux Nigériens qui se sentiront exclus et pourraient l’exprimer autrement dans les rues.

Mohamed Bazoum a occupé de hautes fonctions au Niger. Il a servi le pays du mieux qu’il pouvait. Ce n’est donc pas au moment où il fait acte de candidature pour diriger le pays que le problème de sa nationalité doit se poser. Du reste, est-ce de sa nationalité que les Nigériens ont besoin ou de ses compétences ?

Quand on analyse tout cela, on a envie de dire que les démocraties telles qu’elles nous ont été servies, ne sont pas faites pour nous. Surtout en Afrique de l’Ouest. Car, ce qui nous crée actuellement le plus de difficultés ce ne sont plus les épidémies, la famine, les changements climatiques ou la pauvreté, mais ce sont les démocraties. Comment peut-on comprendre une telle situation ? N’est-il pas temps pour nous de chercher un autre modèle, plus endogène que celui qui est servi depuis les années 1990 et qui, manifestement, a montré ses limites ?

Dabaoué Audrianne KANI

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