Les incompréhensibles et mauvais choix de la CEDEAO

Les chefs d’Etat de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) sont restés droits dans leurs bottes. Un an de transition (et pas plus), un président et un Premier ministre civils à la tête de la transition. Alors que, réunis en concertation pendant trois jours, les Maliens n’ont pas trouvé d’inconvénient que la transition soit conduite par un civil ou un militaire. Ce qui importe pour eux, c’est son contenu. Autrement, les reformes profondes qu’elle sera amenée à conduire. Apparemment, au sein de la CEDEAO, ce n’est pas ce qui préoccupe. Les chefs d’Etat ne veulent pas du tout entendre parler de militaires au pouvoir. Quelles que soient les conditions et la manière dont ils y sont parvenus. Repartie chez elle, la junte au Mali va encore consulter les forces vives du pays. S’il se trouve que dans leur majorité les Maliens ne veulent pas des militaires dans la transition, ils aviseront. Mais que chacun prenne ses responsabilités. En attendant, les sanctions économiques et financières sont maintenues contre le Mali. Dont le peuple ne pourra pas continuer, encore plus longtemps, de subir les conséquences sociales et économiques d’une telle situation sur leur vécu quotidien. Il faut donc craindre une réaction de ce peuple.

Ce choix de la CEDEAO de maintenir la pression de cette manière sur le Mali qui ne demande qu’à être accompagné, dans le souci ardent de refonder sa gouvernance, est injuste. Il ne se justifie pas du tout et donne l’impression de vouloir ridiculiser les militaires qui ne sont bons que dans les casernes. Alors que, autant qu’ils sont, ils sont concernés par ce qui se passe au Mali et dans les autres pays de la CEDEAO. S’ils ne doivent pas avoir un seul mot à dire, autant décider de ne plus leur faire recours. Pour quoi que ce soit. Les problèmes que connaissent nos pays ne sont pas de la responsabilité des militaires. Mais à chaque fois que ça ne va pas, alors que les civils ont créé le désordre, ils sont intervenus (sur demande ou non) pour le remettre. Au Mali, on a besoin de l’ordre et pour l’instant, il n’y a que les militaires pour le rétablir.

Il est indéniable que la CEDEAO fait de mauvais choix. Pendant que la Cour africaine des droits de l’homme et des peuples (CADHP) prévient la crise en Côte d’Ivoire en demandant la levée des condamnations contre Guillaume Soro et son exclusion de la présidentielle, la CEDAO reste bouche cousue. Alors que le troisième mandat d’Alassane Ouattara crée la polémique, fait des morts en Côte d’Ivoire, elle ne pipe mot. Tout en sachant que ce qui se prépare dans ce pays court vers le chaos. Idem en Guinée Conakry où Alpha Condé, contre vents et marées, a modifié la Constitution et se représente. Finalement, la CEDEAO préfère-t-elle alors les coups d’Etat constitutionnels avec pertes en vies humaines aux coups d’Etat militaires qui rétablissent l’ordre. Que c’est cynique !

Dabaoué Audrianne KANI

 

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