Assises nationales : les Burkinabè ont déjà tenu leurs assises

Ce sont les 14 et 15 octobre que les Forces vives de la nation sont conviées pour les assises nationales. Dont les missions seront de rédiger la charte de la transition et éventuellement de désigner celui qui va présider à la tête de cette transition jusqu’aux élections, prévues en principe en juillet 2024 selon le calendrier convenu avec la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDAO). Mais, selon le Capitaine Ibrahim Traoré, président du Mouvement patriotique pour la sauvegarde et la restauration (MPSR), chef de l’Etat assurant les affaires courantes, ces délais pourraient être ramenés si la situation sécuritaire s’améliorait.

Mais en attendant de parler d’élections, on peut dire que les Burkinabè ont déjà commencé, comme à leur habitude, à tenir les assises nationales avant les assises elles-mêmes. D’abord, ils sont nombreux à s’insurger contre le terme «Forces vives» de la nation dont les membres, à leurs yeux ne représentent pas suffisamment la majorité des Burkinabè et leurs préoccupations véritables. A dire donc qu’avant même les assises ne débutent, les participants sont contestés. Autant dire aussi que les conclusions qui sortiront de ses assises seront contestées ?

Si les assises auront au menu de rédiger la charte de la transition, les Burkinabè estiment que le pays n’a pas besoin d’une charte pour être dirigée. La Constitution ayant été restaurée après sa suspension, elle peut bien servir pour conduire la transition. Du reste, estiment certains d’entre eux, un coup d’Etat étant un état d’exception, on n’a pas besoin ni d’une charte ni d’une constitution pour conduire une transition. En outre, ajoutent-ils, on n’a pas non plus besoin d’organes, dont certains sont simplement budgétivores, pour diriger une transition. Le président pouvant gouverner par ordonnance.

Quant au choix de celui qui va présider la transition, les Burkinabè (notamment dans leur frange jeune) ont déjà choisi leur président. Le Capitaine Ibrahim Traoré ayant fait son coup d’Etat, qu’avec ses camarades ils assument leurs responsabilités. Que ce soit dans des milieux politiques, de la société civile et même au sein d’une partie de l’armée, Ibrahim Traoré doit «prendre sa chose». A ce niveau donc, le choix est déjà fait et le jeune Capitaine Traoré aura du mal à se dédire lui qui avait dès le lendemain de sa prise de pouvoir, indiqué qu’il n’était nullement intéressé par un quelconque pouvoir. A moins que, par un coup de bâton magique, il réussisse à calmer tous ces «soutiens inconditionnels» juvéniles qui ne jurent que par lui. Car, comme il aime le dire, «notre place (ndrl : l’armée) est au front dans la lutte contre les Groupes armés terroristes pour «récupérer nos terres, protéger les populations et reconstituer notre pays».

Comme on peut aisément le constater, les Burkinabè ont déjà clos les assises. Certains n’hésitent même pas à mettre en garde si leurs préoccupations ne sont pas prises en compte. Comme quoi, c’est à travers des déclarations dans les médias, sur les réseaux sociaux et les manifestations souvent sans organisateurs bien connus que les Burkinabè gèrent leur pays. Pour quel avenir ?

Dabaoué Audrianne KANI