L’avenir politique, démocratique, économique, culturel, social…du Mali se joue depuis hier à Bamako où toutes les forces vives du pays se sont retrouvées pour parler de refondation de leur pays.
Après le coup d’Etat opérée le 18 août dernier contre Ibrahim Boubacar Kéïta et son régime. Naturellement, il est le principal absent de ce conclave. Même s’il n’avait pas de soucis de santé, il est évident qu’il n’y serait pas convié.
Bref ! Au cours de cette rencontre qui a des allures de conférence nationale, les Maliens ne devraient en principe avoir aucun tabou. Autrement, tout doit être mis sur la table et discuté profondément dans un esprit de construction. Notamment en ce qui concerne les institutions démocratiques, leur fonctionnement et la gouvernance de façon générale. Car, au Mali (et dans bien de pays de la sous-région), c’est bien de cela qu’il s’agit. Même si les trois jours que doivent durer les discussions ne seront pas suffisants pour tout dire et tout refondre. L’essentiel est de trouver les vrais hommes, patriotes qu’il faut, pour assurer la transition. Sur la question, le président de la junte, le colonel Assimi Goïta a déjà indiqué que l’armée marque sa ferme volonté de participer à cette transition qui aura pour rôle essentiel de mettre des institutions démocratiques véritables afin que l’Etat reprenne et joue effectivement son rôle régalien.
En effet, tout apparaissait comme l’Etat n’existait pas au Mali. Si bien qu’on avait cette impression que chaque institution fonctionne en fonction des humeurs de ceux qui la composent. C’est ainsi que la Cour constitutionnelle qui a mis le feu aux poudres, avait pris sur elle la responsabilité abusive d’invalider l’élection d’une trentaine de députés de l’opposition au profit du pouvoir d’Ibrahim Boubacar Kéïta. Tout simplement, parce que favorable au pouvoir, il fallait lui donner la majorité à l’Assemblée nationale.
Au Mali, la mauvaise gouvernance qui a engendré la corruption et fait fondre en grande partie toutes les valeurs morales liées à la gestion d’un pays qui était tel que les Maliens ne pouvaient plus supporter pendant longtemps le chaos. En matière de sécurité, le pays ne se portait pas bien non plus. Et ce depuis plusieurs années. Les nombreux accords signés à cet effet n’ont jamais apporté les solutions voulues. Les militaires, à travers ce coup d’Etat et ces assises, donnent l’occasion aux Maliens de parler de leurs vrais problèmes et de poser le diagnostic qu’il faut. Toute fuite en avant ou tout louvoiement sera fatal à l’avenir du pays.
Aussi faut-il saluer la présence effective de tous ceux qui ont fait le déplacement et regretter l’absence de la Coordination des mouvements de l’Azawad qui est pourtant un acteur important non seulement dans le processus de paix mais également dans le cadre de la lutte contre l’insécurité et le terrorisme. Car, il s’agit de discuter de l’avenir du Mali et aucune absence ne devrait être enregistrée. Malheureusement, les considérations, sans doute, personnelles sont entrain de prendre le pas sur la réalité de ce qu’il faut pour le Mali. Ce qui pourrait handicaper les conclusions des concertations. A moins que tout cela rentre dans l’ordre plus tard.
Dabaoué Audrianne KANI