La Fédération des Associations Islamiques du Burkina (FAIB) a décidé d’ouvrir les mosquées le samedi 02 mai 2020 sur toute l’étendue du territoire national. La communauté islamique Ahmadiyya, elle, maintient toujours fermées les portes de ses mosquées. Nous avons rencontré Souleymane Kaboré, vice-président de cette communauté pour en savoir plus.
La Fédération des associations islamiques a décidé de rouvrir les mosquées. Mais vous, à la communauté Ahmadiyya, vous avez maintenu la fermeture, pourquoi?
La Fédération des associations islamiques du Burkina (FAIB) a pris un texte autorisant la réouverture des mosquées. C’est une autorisation qui ne s’impose qu’à ses membres, mais nous n’en sommes pas membres. Ensuite, nous avons pris en compte deux aspects. Le premier, c’est que le texte autorisant la réouverture nous a un peu surpris. Nous aurions été préparés pour la réouverture si on avait d’abord reçu une notification qui fixait la réouverture à une date précise. Parce que la communauté Ahmadiyya est partout au Burkina à travers toutes les 13 régions et les 45 provinces. On peut donc prendre des dispositions, mais comme nous avons été surpris par cette réouverture, en comité, nous nous sommes réunis pour réfléchir sur la question et nous avons convenu qu’il faut se donner le temps de prendre les différentes dispositions qui conviennent. Parce qu’il faut se rappeler que le Covid-19 est une maladie extrêmement dangereuse. Et le deuxième aspect, c’est le risque. La réalité est qu’aujourd’hui, les Africains doivent se demander, est-ce que nous avons passé le pic en Afrique? Est-ce que nous ne sommes pas en train d’aller vers le pic? Donc, l’un dans l’autre, on a de bonnes raisons d’être un peu inquiet.Ce risque a fait qu’on a décidé de prendre un peu de temps pour préparer nos mosquées et nos communautés.Dieu merci le gouvernement n’a fait que prendre un texte autorisant, il n’impose pas, ce qui veut dire que le gouvernement nous donne la latitude de pouvoir ouvrir quand nous serons prêts.
Dans cette période de confinement, comment procédez-vous pour la prière?
La Jamat’s de la Communauté Islamique Ahmadiyya est présente dans plus de 250 pays dans le monde et l’ensemble de toute la communauté est réuni sous la bannière du Kalifa qui est à Londres. Bien avant même que nous n’arrivions au confinement et aux quarantaines, le Kalifa nous avait déjà donné un certain nombre de conseils et de dispositions à prendre. Il avait demandé à toute personne qui se sentirait mal à l’aise d’éviter la mosquée de lui-même. Ensuite, il a préconisé de commencer à préparer la possibilité de prier chez nous, de consulter la Jamat’s familialz pour prier à la maison avec la petite famille et cela même pour la prière du vendredi. C’est donc ce qui nous a aidé dans le confinement et à la fermeture des mosquées.
Quel message fort à l’endroit de tous les fidèles pour ce mois de Ramadan?
Le Ramadan est un moment favorable pour l’introspection, pour l’exaucement des vœux, la communion avec Dieu et le pardon. Je ne vais pas polémiquer ou à parler du coronavirus qui serait comme une punition divine, mais pour moi croyant, rien ne se fait sans la volonté de Dieu. Donc le Covid-19 est là, il n’échappe pas à la connaissance de Dieu. Et nous pouvons tirer les conséquences de son action sur nous. C’est l’occasion pour nous, en ce mois de Ramadan de repartir vers notre créateur, d’entrer dans des supplications, de rentrer dans une sorte d’introspection, de demander le pardon. Le confinement n’est pas forcément mauvais, parce que la foi est individuelle. Lorsqu’on dit de prier en groupe, c’est pour se soutenir. Le confinement à quelque part, ne nous donne-t-il pas cette occasion de faire une introspection individuelle de nous-même? Quel est l’état de notre foi? Quel est notre état moral et spirituel? Donc, le message que je pourrais lancer à l’endroit des musulmans, mais également à tous les croyants du monde, est que nous sommes dans une situation où l’introspection s’impose, où nous devons fortement demander pardon à notre Seigneur et redoubler d’efforts dans le culte.
Abdoulaziz Simboné (Stagiaire)