Drissa Traoré dit PDG, chef de village par intérim de Bougoula : «Si on donne dos à nos pratiques ancestrales, on est foutu»

Drissa Traoré, chef de village par intérim de Bougoula

Bougoula est un village de la commune rurale de Kankalaba, dans la province de la Léraba. Dans ce village, les activités principales sont : l’agriculture, l’élevage, la maraicher-culture. Le mercredi 31 août 2022, pendant un passage nous avons rencontré un garant de la tradition. Découverte d’un fidèle de la tradition africaine !

Qui est Drissa Traoré ?

Drissa Traoré, c’est le chef de village par intérim de Bougoula. Puisque c’est Melegué Traoré qui est le chef de village, mais comme il ne réside pas ici voilà pourquoi. Je suis féticheur, cultivateur, tradi-praticien et guérisseur.

Comment est né le village de Bougoula et pourquoi cette appellation ?

Le village de Bougoula a été fondé par le papa de notre grand père du nom de Traoré Sanièrè qui était un chasseur dozo. Le nom même du village c’est « Bougouro » qui signifie hameau de culture. Sanièrè est venu de Bougoula de Sikasso et quand il s’installait c’était une forêt. Donc c’est le nom de Bougoula de Sikasso qu’il a donné au village et les gens venaient un peu peu.

Vous l’avez dit, vous êtes féticheur, quel est la place du «fétichisme» dans votre localité ?

Le «fétichisme» occupe une place de choix dans le village de Bougoula, car c’est la première religion. Pour croire à quelque chose il faut un essai, je crois plus au fétichisme qu’aux autres religions. Le fétichisme apporte le bonheur, il vient en aide dans tous les domaines où vous avez des problèmes. Il suffit de vous confier à lui seulement.

Vous qui êtes dépositaire, est-ce que le fétichisme ou la tradition africaine peut apporter une solution problème sécuritaire que nous vivons actuellement ?

Si on revient aux pratiques ancestrales, ça pourrait nous aidez à traverser ce que nous vivons. Avant, ce n’était pas comme ça ! On a flatté les gens et voilà, il y a des problèmes.

Nous avons appris que vous avez un fétiche qu’on appelle le « Konon »? C’est quoi exactement ?

Le Konon c’est le fétiche auquel nous nous confions. Tu veux quelque chose, tu viens tu promets. Mais avant de venir promettre, il faut que tu sois initié. La femme ne mange pas la viande du Konon ni le voir, sauf si tu es la fille du Konon. Même si tu es garçon et que tu n’es pas initié, tu ne dois pas manger la viande du Konon. Souvent pour savoir tout cela, il faut consulter pour voir.

Si un malheur (mort) va arriver au village, est-ce que, vous, il vous informe ?

Exactement, quand vous entendez beaucoup de cri des hiboux autour du village et autres, il faut savoir qu’il y a quelque chose. Donc on essaie de vite voir ce qu’il y a lieu de faire.

Votre mot de fin !

Je voudrais d’abord vous dire merci d’avoir fait le déplacement sur Bougoula qui est un village très accueillant. Je voudrais également souhaiter une très saison agricole à tous les producteurs. Que la paix revienne dans notre cher pays comme il était dans les années 2000, où quelqu’un pouvait se déplacer sans crainte partout.

Interview réalisée

 par Besseri Frédéric OUATTARA/ Bougoula