Et si chacun gardait son calme en attendant !

Il y a au moins une constance au Burkina Faso depuis cinq ans : en plus de la crise sécuritaire qui nous malmène et des autres maux dont souffre notre pays, personne n’est prêt à en rajouter. Ni l’opposition, ni la majorité encore moins les Burkinabé. Il est clair que personne (à moins que) ne contestera violemment les résultats des élections ici au Faso. Il y a des voix de recours que tout le monde connaît. Mieux, les contestations ont toujours pris fin devant les mêmes juridictions.

En 2015, Zéphirin Diabré, arrivé deuxième après la présidentielle et les législatives couplées est allé au Quartier général (QG) du Mouvement du peuple pour le progrès (MPP), avant même la confirmation des résultats, féliciter Roch Marc Christian Kaboré qui venait ainsi d’être élu président du Faso. Les douze autres candidats (puisqu’ils étaient quatorze) n’ont pas fait de contestation. Certainement parce que tout le processus électoral, du début à la fin, avait respecté les règles établies. Aujourd’hui, Zéphirin Diabré (actuel chef de file de l’opposition) et d’autres candidats (et non des moindres) qui ont signé l’accord politique de Ouagadougou dénoncent des irrégularités qui peuvent avoir des répercussions sur les résultats des élections. Pour ce qui concerne ces résultats proprement dits, ils ne se prononcent parce que ceux-ci n’ont pas encore été publiés. Où se trouve donc le problème ?

Malheureusement, du coup des Burkinabé se sont rués dans les brancards pour crier presqu’à l’imposture, parce qu’ils estiment que Zéphirin et les autres sont allés très loin. L’opposition n’a pas encore contesté les résultats des élections ; elle n’a pas non plus contesté la victoire du candidat Roch Marc Christian Kaboré à la présidentielle et celle du parti au pouvoir aux législatives. Elle n’a pas non plus appelé à des manifestations ni dans la rue, ni ailleurs d’autre. Convaincue que le processus ne se déroule pas comme il se devait, elle a demandé aux commissaires qui la représente à la Commission électorale nationale indépendante (CENI) de quitter les délibérations. Ce que ceux-ci ont fait. Rendant ainsi impossible le processus de se poursuivre. Du coup, la CENI a été obligée de suspendre les opérations de publication des résultats. Des irrégularités ont été observées dans l’organisation des élections le 22 novembre. Les nier ou ne pas les reconnaître, c’est faire entorse à la démocratie. Quant à leur impact sur la crédibilité ou la transparence du résultat final des élections, c’est au Conseil constitutionnel d’apprécier. Mais à partir de preuves qui lui auront été rapportées par les plaignants.

Quand on va à une élection, il y a deux résultats possibles auxquels on s’attend : ou on la gagne, ou on la perd. Du reste, ils étaient treize candidats pour un fauteuil. Alors qu’il ne peut être élu qu’un seul président. Gardons donc notre calme et attendons patiemment ! Pour une élection, on ne doit pas gâcher tout ce que nous avons construit depuis des années.

Dabaoué Audrianne KANI