Autant le dire… : Roch a encore échangé avec les producteurs !

Depuis sa création le 28 décembre 1993, la Journée nationale du paysan a toujours été une très belle occasion pour les premières autorités du pays, notamment le président du Faso (Blaise Compaoré, puis Roch Marc Christian Kaboré) d’entendre de vive voix les préoccupations du monde des paysans. Mais, apparemment, tout s’est toujours limité aux mêmes bonnes intentions d’une seule journée. En quatre ans, Thomas Sankara sous son règne a atteint l’autosuffisance alimentaire. Après la Révolution, le Burkina Faso n’a jamais produit assez suffisamment pour nourrir sa propre population. Contraint qu’il est, chaque année, de tendre la main à ses amis de l’extérieur pour compenser son déficit alimentaire.

Il est donc temps de se poser la vraie question. Pourquoi cela, alors que les moyens de production sont plus modernes ? On est passé de la houe à la charrue et même au tracteur ! On est passé des semences artisanales aux semences améliorées ! De plus en plus, de producteurs utilisent les bonnes pratiques agricoles de production avec l’utilisation de la fumure organique. Les productions se sont diversifiées, permettant ainsi aux acteurs de se faire des revenus ou suffisamment de provisions pour se nourrir. L’Etat s’y est même mis en fournissant aux producteurs des semences et des intrants à prix subventionnés. Malgré tout !

Cette année encore, Roch et les producteurs (pardon les paysans) se sont parlés. Ils ont pris des engagements. Qu’adviendra-t-il dans deux ans ?

D’abord, il est temps d’accorder un nouveau qualificatif aux acteurs. Jusqu’à présent, sur les pièces d’identité de ces braves producteurs, il est écrit cultivateur. Même si le terme n’est pas péjoratif en soit, il urge qu’on passe à producteur. Autrement, il ne devrait plus y avoir de paysan au Burkina Faso, mais des producteurs agricoles. En valorisant ainsi leur statut, on valorise en même temps ce qu’ils font pour nous nourrir.

Une fois passé ce stade, il faut leur permettre de s’auto-organiser sans trop s’immiscer dans leurs affaires. Ils sont aussi conscients et convaincus que s’ils ne sont pas bien organisés, ils risquent leur propre survie et celle de leurs familles. Il est aujourd’hui indéniable que c’est la trop forte implication de l’administration et des hommes d’affaires dont certains n’ont rien à voir avec l’agriculture dans la production agricole qui freine les efforts des acteurs sur le terrain.

Des producteurs se sont maintes fois plaints de la qualité de certains intrants tels que les engrais et les semences. Comment se fait-il qu’on leur fournisse des intrants de mauvaise qualité ? Ils se sont souvent plaints du détournement de certains intrants à eux destinés et revendus plus chers sur le terrain. Malheureusement, le gouvernement semble impuissant. Il y a aussi l’épineuse question de la maitrise de l’eau. Tant que notre agriculture sera tributaire de la saison hivernale (dont les pluies sont aléatoires), le Burkina Faso ne produira jamais assez suffisamment pour nourrir sa population. Autrement, il se pose la question de la maitrise de l’eau. Sont, entre autres, autant de facteurs qui freinent les efforts de production. Auxquels il faut trouver des solutions. Urgemment !

Dabaoué Audrianne KANI

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