Précampagne, autant dire que nous sommes en campagne !

Le samedi 24 octobre, Roch Marc Christian Kaboré, président du Faso et candidat à sa propre succession était sur les antennes de la radio rurale, la chaîne nationale. Où il a fait le bilan de son action durant les cinq ans de son mandat. Non sans dire ce qu’il fera si les Burkinabè lui accordaient une seconde chance. Le lendemain dimanche, c’est la télévision nationale qui le recevait pour le même exercice. Roch a dit ce qu’il a pu faire et ce qu’il compte faire s’il revenait à la tête du Burkina comme président. Si ce n’est la campagne avant la campagne, ça y ressemble. Pendant ce temps, son Premier ministre fait le tour du Burkina à la rencontre des Forces vives des régions avec lesquelles il fait le point des réalisations faites et rassemble les doléances en vue du prochain mandat. Là encore, si ce n’est une campagne électorale, ça y ressemble.

Quant à l’opposition politique, ses leaders sont partout sur le territoire national en campagne, pardon en  précampagne. Pendant laquelle ils font divers dons, organisent des Assemblées générales pour disent-ils faire le bilan de leurs actions (pour ceux qui avaient des élus) ou encore mettre les militants en jambes. Pendant ces rencontres, si on fait semblant de ne pas critiquer directement le bilan du candidat en poste, on insinue tout de même qu’il n’a pas fait mieux. En face, toutes les rencontres qui s’organisent le sont autour du bilan du président et des perspectives après sa réélection. Finalement, on se demande ce que tous ces gens-là vont dire quand viendra l’heure de la campagne officielle ? Les réseaux sociaux sont déjà inondés des slogans, des programmes, des effigies des candidats. Que ce soit à la présidentielle ou aux législatives. Dans tout cela, c’est la presse qui est tenue à l’écart comme si ses animateurs n’étaient pas suffisamment responsables pour prendre part à une précampagne. C’est à ne rien comprendre. Pire, quand viendra l’heure de la campagne véritable, on leur exigera d’être impartiaux, de traiter les candidats sur le même pied d’égalité et de l’éthique. Comment peut-on égaliser des choses qui dès le départ ne sont pas égales ? Comment peut-on mettre sur le même pied d’égalité un candidat qui a un programme de gouvernance et un autre qui n’en a pas ? Comment peut-on être impartial entre un candidat qui fait le tour du Faso pour expliquer ses choix à l’ensemble des Burkinabè et un autre qui tourne dans seulement quelques grandes villes où il n’organise ni meetings ni rencontres véritables ?

Le dispositif de précampagne et de campagne politique au Burkina doit être revu pour être adapté à la réalité du terrain. Une campagne politique, au-delà de l’élection de nouveaux représentants, est un moment de consolidation ou d’orientation des politiques publiques de gouvernance. Ce qui requiert la contribution de tous. On ne peut en seulement 21 jours de campagne dessiner et faire comprendre la vision et les orientations qu’on veut donner pour développer toute une nation. N’est-ce pas cela qui explique en partie, le peu d’adhésion et de participation des populations à la gestion participative de la chose publique ?

Dabaoué Audrianne KANI