A l’instar d’autres villages, les populations de Flasso vivent en symbiose et parfaite harmonie. Chaque année après les récoltes, des cérémonies suivies de réjouissances populaires sont organisées pour vénérer les mânes du village. Dossoun est natif de ce village qui, malheureusement, n’a pas eu d’enfant, car il ne s’entendait pas avec les femmes. Pour preuves, ses multiples divorces avec celles qui ont tenté de fonder un foyer avec lui. Ce vieux ne connaît point de pardon. Petit ou grand, homme ou femme, il faut éviter de rentrer dans ses “dix-huit” sinon tu payes cash, si toutefois il ne t’élimine pas physiquement. Foncièrement méchant, il finit par perdre ses facultés mentales. En plus de la sorcellerie et devient un danger pour tout le village. Sachant que tous se méfient de lui, Dossoun déménage dans son champ, une grande superficie cultivable dont il a hérité de ses défunts parents, où il passe toutes les saisons de l’année.

Isolé dans son champ bien fertile, ce vieux n’arrive pas à produire et ne récolte rien à la fin des travaux champêtres. Malgré tout, Dossoun n’est pas prêt à céder une portion de son champ pour exploitation à aucun membre de sa famille. Rarement il vient dans le village, même en cas de décès ou autres cérémonies même concernant sa famille. Comme c’était la période de commémoration des fêtes de fin de récoltes et c’est également à cette période que les mariages sont célébrés dans ce village, la jubilation est partout. Des filles et fils du village qui sont à l’extérieur reviennent communier ces moments avec leurs parents pour se ressourcer et passer les vacances.

Compte tenu de sa méchanceté, ce moment de sérénité n’est pas du goût de Dossoun qui veut troubler la quiétude dans le village. Comment procéder ? L’Afrique, ce sont les traditions et dans chaque contrée se trouvent des divinités qui ont leurs interdits qui, respectés protègent non seulement le village mais aussi ses habitants. Dossoun qui est né dans ce village, connaît tous les endroits censés sacrés et malgré sa folie sait bien les interdits de chaque site. Un jour, il quitte son champ avec du piment pour venir brouiller la quiétude du village. Comme le stipule un adage : «Seule la méchanceté est gratuite en ce bas monde». Au pied d’un fétiche où tous savent que le feu ne doit pas s’approcher, les gens ont aperçu Dossoun le méchant sur le site et de surcroît il y a allumé un feu. Comme c’est un fou dangereux, personne ne voulait s’intéresser à ce qu’il fomentait. Et pourtant, il fallait y prêter attention. Voici ce qu’il est venu faire sur le site sacré. Il mélange l’eau, le piment et la potasse pour bouillir et verser sur le gri-gri en l’implorant de chauffer le village, car il y a trop de calme.

Fini sa sale besogne, il retourne dans son champ. Chose qu’il ne fallait pas. Des bagarres inutiles éclatent partout dans le village, avec coups et blessures graves. Pas un jour ne passe sans que des catastrophes ne se produisent dans le village. Même un simple bonjour adressé à quelqu’un, peu provoquer une bagarre. Une semaine durant, la quiétude et le vivre-ensemble dans le village sont mis à rudes épreuves. Personnes ne savait où mettre la tête. Les sages du village se concertent pour chercher la cause et trouver la solution pour que la tranquillité d’antan revienne. Comment la situation sera décantée ? La semaine prochaine pour la réponse.

Siaka SANON