Ces détracteurs peuvent lui reprocher beaucoup de choses. Mais, le moins que l’on puisse dire et retenir c’est que le président Roch Marc Christian Kaboré est resté fidèle à lui-même et à ses engagements. C’est une constance importante dans la gouvernance d’un Etat. Parce que, dans cette posture, il se donne des objectifs clairs et mesurables à atteindre.
Avant même d’entrer en campagne politique pour le scrutin du 22 novembre, il avait annoncé au cours d’une émission bilan de son mandat que, s’il était réélu, il fera de la réconciliation nationale la priorité de ses priorités. Parce qu’il est convaincu que tant que le contentieux des crimes de sang, des crimes politiques et économiques n’est pas vidé, tant que les Burkinabé ne se parlent pas et ne regardent pas dans la même direction, il sera difficile de réussir le développement. Il a compris que cette situation de ni paix ni guerre a impacté négativement sur la mise en œuvre de son premier mandat. Au cours de son message à la nation le 11 décembre à Banfora, il est revenu pratiquement sur les mêmes questions. Fallait-il s’attendre à ce qu’il change de fusil d’épaule dans son discours d’investiture ? Certainement pas, parce que le président Kaboré veut rester coller à ce qu’il a promis aux Burkinabé.
Il a repris mot pour mot les dix engagements de son programme politique qui lui a valu sa réélection le 22 novembre. Là aussi, c’est une constance et il ne pouvait en être autrement car de sa réélection à son investiture, rien de fondamental ne pouvait l’amener à changer de langage. Quand le président du Conseil constitutionnel lui dit qu’il est seul face à ses responsabilités, il n’a pas menti mais Roch Kaboré, impassible le sait depuis qu’il a décidé de se faire réélire.
C’est dans la même dynamique de la réconciliation qu’il faut comprendre la reconduction d’Alassane Bala Sakandé à la tête de l’Assemblée nationale. Unique candidat, et réélu avec 123 voix sur 127, il faut tout de suite faire remarquer qu’il a été réélu avec la participation des députés de l’opposition. Ce qui vient ajouter à l’esprit de réconciliation prôné par le président Kaboré. Autrement, tout porte à croire qu’avec une telle participation, l’opposition politique dont les candidats avaient battu campagne pour la même réconciliation, a elle aussi compris qu’il faut chanter le même refrain.
Reste la nomination du Premier ministre et la formation du gouvernement. Là aussi, dans les tous premiers mois de son nouveau mandat, Roch pourrait faire moins de chamboulement. Même s’il a besoin d’un gouvernement très pragmatique, débarquer Christophe Marie Joseph Dabiré en début de mandat pourrait conduire à des incertitudes. La preuve en est qu’en cinq ans, il n’a eu que deux Premiers ministres. Même au sein du gouvernement, un remaniement profond du gouvernement pourrait l’amener à tout reprendre tout de suite. Ce qui peut bien constituer un frein à la mise en œuvre rapide de son programme. Surtout que lui-même, préférant la continuité, n’aime pas la bousculade.
Dabaoué Audrianne KANI