Après une tournée dans des centres d’enrôlement, le chef de file de l’opposition politique, président du parti l’Union pour le progrès et le changement (UPC) et candidat naturel de son parti à la prochaine élection présidentielle qui sera couplée avec les législatives, a déclaré que «tant qu’il n’y a pas d’audit international du fichier électoral, il n’y aura pas d’élections» au Burkina Faso. Zéphirin a parlé haut et fort. Du coup, les milieux politiques et de la société civile sont en ébullition. Le débat va encore faire rage sur les réseaux sociaux. Et pourtant, si tout le monde est dans la logique d’une transparence totale des élections, on devrait s’accorder avec Zéphirin Diabré sur ce point précis. Car, ce qu’il a dit n’est pas du tout faux et doit être encouragé par tous les acteurs. Notamment ceux de la société civile, défenseurs de la démocratie et des droits de l’Homme.
Car d’abord, ce qui se passe, avec des arrestations et des soupçons de fraude autour du processus d’enrôlement est bien flou. A Ziniaré, des responsables d’un parti politique sont en prison pour tentative d’enrôlement frauduleux. A Bobo-Dioulasso, de forts soupçons de fraudes ont été dénoncés et des femmes ont même été auditionnées. Si bien qu’un audit indépendant viendra lever tout soupçon et permettre aux acteurs d’avoir le cœur net. Ensuite, l’importance, le contexte et les enjeux des prochaines élections sont tels qu’un audit, comme l’a souhaité Zéphirin Diabré, va constituer un élément de preuve de la transparence et de l’égalité de chances des candidats. D’ailleurs, le pouvoir en place et notamment la Commission électorale nationale indépendante (CENI) qui pourraient être accusés d’en être les auteurs, y gagnent en crédibilité.
En effet, le fichier électoral est la base de tout processus électoral. Il détermine le niveau de crédibilité, de transparence et d’égalité des candidats. Mal conçu et truqué, il est aussi source de crises post-électorales. Un audit indépendant du fichier électoral avant la tenue des élections viendra dissiper toutes les appréhensions. Le Burkina Faso ne sera pas le premier pays à faire auditer son fichier électoral. Pourquoi donc s’en plaindre ou s’en offusquer ? A moins qu’on ne soit directement visé.
Zéphirin Diabré est dans son rôle en sa qualité de chef de file de l’opposition. Même si dans cette déclaration, il est le président de son parti. L’opposition et la majorité devraient être d’accord avec lui et accompagner son idée de faire auditer le fichier électoral. Des partenaires techniques et même financiers seront prêts à l’accompagner également. Il suffit que, dès à présent, on l’inscrive dans le programme et d’en faire une priorité pour ne pas dire après qu’il est trop tard. Personne n’a intérêt à ce que les élections de novembre prochain soient entachées d’aucune irrégularité. D’où qu’elle vienne. S’engager et se battre pour cela est donc une cause noble. Zéphirin Diabré a su anticiper. C’est tant mieux !
Dabaoué Audrianne KANI