L’ancien Adjudant de police Hergil Ilunga wa Ilulnga et l’ancien brigadier-chef Alain Kayeye Longwa, reconnaissent avoir pris part au commando qui a ôté la vie à Floribert Chebeya et Fidele Bazana. Cela s’est passé par étouffement des victimes, dans les locaux de l’inspection générale de la police. Ils l’ont dit au cours d’une interview accordée à RFI.
Les faits remontent à juin 2010 et ont fait coulé encre et salive en République démocratique du Congo (RDC) et dans le monde. Mais, c’est la première fois que deux policiers membres du commando qui a assassiné les deux hommes (Floribert Chebeya, et Fidele Bazana, militants des droits de l’homme), reconnaissent ainsi publiquement leur participation à ce crime. Et lèvent le voile sur les circonstances exactes de la mort des deux hommes. Sur Radio France Internationale (RFI), ils racontent les faits tels qu’ils se sont passés, en citant nommément tous ceux qui y ont directement et indirectement participé. Le 1er juin 2010, ils ont été appelés par leurs supérieurs hiérarchiques pour une mission qui leur sera précisée après. Il s’avèrera qu’il s’agit ni plus ni moins de participer à la disparition physique de deux militants des droits de l’homme qui « ont un problème avec les chefs » (entendez les plus hautes autorités). Les deux hommes seront étouffés à mort. Fidèle Chebeya est ensuite enterré dans la concession d’un général (à l’époque Colonel) et Floribert sera abandonné dans son véhicule plus loin, avec des préservatifs et des comprimés, dans une mise en scène faisant croire à une rencontre sexuelle qui a mal tourné. Les détails sont si précis et accablants qu’un simple démenti « officiel » ne suffira certainement pas à les annuler devant une juridiction. Les deux ex-agents se déclarent d’ailleurs près à rencontrer la justice pour être entendus, à condition que leur sécurité soit garantie et de préférence hors du Congo. C’est bien pour sauver leur vie qu’ils ont fui le pays pour une destination étrangère où ils se trouvent actuellement. Voilà qui relance l’enquête sur l’un des crimes les plus emblématiques de la présidence de Jospeh Kabila. Depuis l’arrivée au pouvoir de Félix Tshisekedi, les appels se multiplient pour demander la réouverture du procès, jusqu’ici rien.
Sibiri SANOU