ATT : son legs brûlé par ses compatriotes

Surnommé « Soldat de la démocratie », l’ancien président malien Amadou Toumani Touré, est décédé en Turquie, mardi 10 novembre 2020 à l’âge de 72 ans. La dépouille mortuaire est arrivée dans la capitale malienne Bamako, le samedi 14 novembre.  Pour lui rendre hommage, les autorités de Bamako ont décrété un deuil national de 3 jours, du lundi 16 au mercredi 18 novembre. Avec à la clé, des obsèques nationales hier, mardi 17 novembre. Obsèques auxquelles ont pris part le président de la Transition en cours au Mali, Bah Ndaw, l’ex-président malien Alpha Omar Konaré, ainsi que les Premiers ministres du Niger et de Guinée Bissau.

Amadou Toumani Touré est d’abord un officier supérieur de l’armée malienne. Il arrive en politique le 26 mars 1991, dans la foulée de manifestations d’étudiants et de travailleurs contre le pouvoir du Général Moussa Traoré.  Alors que le pays bascule dans la violence, ATT, alors Lieutenant-colonel à la tête du 33ème régiment de commandos parachutistes, met un terme au régime du Général Moussa Traoré qui dirige le pays d’une main de fer depuis le putsch contre Modibo Keïta en 1968. Mettant fin à un règne sans partage de 23 ans dans l’oppression. ATT est le chef du Comité de transition pour le salut du peuple et assure les fonctions de chef de l’Etat. Il organise en 1992 une élection transparente qui voit arriver à la tête du pays le premier président démocratiquement élu, Alpha Omar Konaré. Ce qui lui vaut le surnom de 3Soldat de la démocratie ». Les Maliens le lui rendront, puisqu’après Alpha Omar Konaré, il est élu président de la République en 2002. Il sera réélu pour un deuxième mandat. Mais, lui qui avait su résister à la pression de son entourage et décidé de ne pas briguer un troisième mandat, n’ira pas au terme de ce deuxième mandat. Car, le 21 mars 2012, il est évincé du pouvoir par des putschistes avec à leur tête, Amadou Haya Sanogo. Un coup d’Etat sanglant (même si la vie du président ATT est sauve, ne n’est pas le cas de nombreux bérets rouges) que les auteurs justifient par l’incapacité du régime à faire face aux groupes terroristes. Des groupes qui occupent toute une grande partie du territoire malien. Avec des velléités sécessionnistes. La suite, on la connait. Amadou Haya Sanogo et ses hommes vont tenter de s’accaparer du pouvoir. Sous la pression de la communauté internationale et de la société civile malienne, ils finissement par remettre les clés du palais de Koulouba. Ibrahim Boubacar Keïta (IBK) qui hérite du fauteuil présidentiel après élection, sera éjecté, lui aussi au cours de son deuxième mandat, par le Colonel Assimi Goïta et ses hommes, les nouveaux maîtres de Bamako.

Comme il est loisible de constater depuis, le pavillon démocratique mis à l’eau du Djoliba par ATT, vacille. Et le Mali se retrouve à la case départ, d’avant l’arrivée du « Soldat de la démocratie ». La junte militaire actuellement aux manettes à Bamako, s’aura-t-elle emboîté le pas du « Soldat de la démocratie au grand bonheur des Maliens ? C’est tout le mal qu’on lui souhaite !

Aly KONATE

alykonat@yahoo.fr