Autant le dire… Armée française, « les enfants des tirailleurs vous disent de vous en aller »

Jeudi 28 novembre alors que le ministre français des Affaires étrangères venait de quitter le Tchad après une visite aux autorités tchadiennes et dans des camps de réfugiés soudanais, son homologue tchadien annonce la rupture de la coopération de défense avec la France. Panique générale à Paris. Ce scenario n’était pas prévu. Et pourtant, Paris devait s’y attendre. La France a des troupes militaires présentes au Tchad. Ce qui n’a pas empêché l’attaque de la garnison de Bakaram le 27 octobre 2024 par des groupes terroristes membres de Boko Haram. Faisant au moins une quarantaine de soldats tchadiens tués. Après un deuil de trois jours, l’armée tchadienne à travers l’opération Haskanite a organisé la riposte sur les rives du Lac Tchad à la frontière avec le Nigeria. Le président Mahamat Idriss Deby est personnellement allé sur le terrain pour « superviser les opérations ». Mais apparemment, Paris n’était pas aux côtés de N’Djamena malgré les accords de défense. Comme cela a d’ailleurs toujours été le cas.
Donnant l’impression que tout cela était coordonné, le même jeudi 28 novembre le président sénégalais Bassirou Diomaye Faye annonce dans une interview accordée à plusieurs médias français le retrait des troupes françaises de son pays. Car, dit-il en substance, « notre indépendance et notre souveraineté ne s’accommodent pas avec la présence de troupes militaires étrangères sur notre sol ». A noter que le retrait des troupes françaises du Sénégal est une promesse électorale du président Diomaye Faye.
En fait, que ce soit au Tchad ou au Sénégal, les autorités des deux pays ont toutes mis en avant la souveraineté et l’indépendance et la nécessité pour elles de choisir désormais avec qui elles veulent coopérer dans l’intérêt de leurs pays. Car, il est incompréhensible que plus de soixante années après les indépendances, le colonisateur continue d’avoir des troupes militaires sur le sol de celui qui est censé être indépendant et souverain. Cela pouvait se comprendre si la présence des troupes militaires françaises dans nos pays avait une plus-value dans la lutte contre les groupes terroristes.
Au Mali, au Burkina Faso et au Niger, les autorités des transitions ont mis fin à la présence de l’armée française sur leur sol. Parce qu’on ne peut pas comprendre que malgré sa présence et les moyens dont elle dispose, l’armée française ne parvient pas à repérer les mouvements des terroristes et à les stopper avant qu’ils n’attaquent. En outre, non seulement elle refuse de fournir des équipements militaires appropriés à ses partenaires africains, pire elle ne les autorise pas à s’en procurer ailleurs. Et ce qui devait arriver, arriva !
Alpha Blondy déjà en 1998, dans son album intitulé Ytzak Rabin, prévenait : « Armée française allez-vous ! Allez-vous en de chez nous. Nous ne voulons plus d’indépendances sous haute surveillance. Nous sommes des Etats souverains. Votre présence militaire entame notre souveraineté. Confisque notre intégrité. Bafoue notre dignité. Et ça, ça ne peut plus durer (alors, allez-vous en !). « Nos armées nationales nous suffisent ». A Paris on n’avait pas ni compris ni cru. Et on continue de ne pas comprendre et de ne pas croire.
Dabaoué Audrianne KANI