En Côte d’Ivoire tout le monde est suspendu au processus électoral dont les élections se tiendront le 31 octobre prochain. Si pour les uns (du camp présidentiel) tout est mis en œuvre pour y arriver, pour les autres (une grande partie de l’opposition), il faut boycotter les élections. Qu’elle qualifie déjà d’irrégulière au regard du troisième mandat d’Alassane Ouattara, de la composition du Conseil constitutionnel et de la Commission électorale indépendante. Avertie, la communauté internationale ne cesse de multiplier les appels au calme, à l’ouverture des élections pour en faire des élections transparentes et inclusives, afin de ne faire revivre à la Côte d’Ivoire ce le cauchemar qu’elle a vécu en 2010 après la présidentielle qui a porté Alassane Ouattara au pouvoir. A dire que la démocratie telle qu’elle s’exprime actuellement en Côte d’ivoire, fait peur. Elle inquiète car, une fois de plus, elle pourrait remettre en cause la cohésion sociale, la paix et compromettre ainsi les efforts de développement.
En Guinée-Conakry, la situation n’est guère meilleure. Là-bas aussi, tous les observateurs sont suspendus à un autre processus démocratique qui, à l’image de celui de la Côte d’Ivoire, pose le problème du troisième mandat et de la crédibilité des institutions chargées de l’organisation des élections. En Guinée comme en Côte d’ivoire, les pouvoirs en place ont décidé de passer en force. Aussi, la démocratie, au lieu d’être source de paix, d’unité, de développement et de cohésion des communautés, est malheureusement devenue celle par qui tous les dangers peuvent arriver dans ces deux pays.
Finalement, la principale question qui se pose est celle de savoir si les démocraties, telles que nous les avons copiées et les exerçons sont-elles faites pour nous ? La question est d’autant importante qu’elle pose le problème de la confiscation du pouvoir à travers des interprétations abusives de la loi, selon qu’on est au pouvoir ou non. La plupart de nos pays ne sont pas épargnés par la situation actuelle du Mali. Ils ne sont pas non plus épargnés par ce qui se passe en Côte d’Ivoire et en Guinée.
C’est pourquoi, même si on ne le veut pas, on est obligé de croire avec ceux qui le pensent qu’il faut une troisième voie pour l’Afrique. Et elle existe, car l’Afrique a toujours réussi sur la base de ses propres valeurs à cultiver ses solutions propres à elle pour sauvegarder la paix, la cohésion sociale, le vivre-ensemble et la concorde. Aussi, les organisations sous-régionales doivent se réveiller pendant qu’il est temps et travailler véritablement à apaiser la sous-région. La question de la souveraineté des Etats ne doit plus être posée comme un refuge pour permettre à des chefs d’Etat de faire ce qu’ils veulent, alors qu’une fois la paix remise en cause, c’est tous les autres pays qui en souffriront. Il est illusoire de croire que les Ivoiriens et les Guinées seront seuls à vivre le martyr si jamais la paix et la cohésion venaient à être remises en cause dans leurs pays respectifs.
Dabaoué Audrianne KANI