C’est l’une des rares fois que l’huile produite au Burkina, notamment l’huile Savor et le sucre SOSUCO sont absents des étals des boutiques et des supermarchés en cette période de début d’année. La pénurie se ressent d’autant plus que nous sommes en période du jeûne musulman, période pendant laquelle le sucre et l’huile sont très demandés. C’est donc tout à fait normal que les consommateurs se posent des questions. Des questions auxquelles tout porte à croire qu’on ne veut pas apporter les réponses appropriées, sans doute pour ne pas créer une crise sociale. Et pourtant, il faut dire la vérité aux consommateurs afin qu’ils prennent les dispositions qui conviennent.
Autant le dire ! La principale matière première des unités de production d’huile au Burkina Faso est la graine de coton. Ce qui voudrait dire que la principale huile que consomment les Burkinabè est l’huile de graine de coton. Mais, ce que les opérateurs refusent ou évitent de dire, c’est que la production du coton est considérablement en baisse au cours de la campagne 2024-2025. A dire vrai, il n’y a pas assez de graine de coton cette année. Par conséquent, les unités de production d’huile ne produiront pas assez d’huile. En outre, le prix de la tonne de graine de coton qui était l’année dernière à 90 000 FCFA est passé à 150 000 FCFA cette année.
La Société burkinabè des fibres textiles (SOFITEX) à laquelle l’Etat a exigé de produire des résultats et rester viable, ne veut plus vendre sa graine à perte. Ce qui est tout à fait normal. Mieux, elle ne peut fournir que ce qu’elle a comme production. Du coup, même si l’huile doit être vendue, elle sera plus chère que l’année dernière. A moins que quelqu’un supporte le manque à gagner. Mais, pour combien de temps ? Les Burkina ont des besoins sans cesse croissants en consommation d’huile qui oscillent autour de 120 000 tonnes contre une production d’environ 50 000 tonnes. Pour tout dire, la production nationale d’huile n’a jamais suffi à satisfaire les besoins des Burkinabè en termes de consommation d’huile. Au regard de la situation encore plus critique cette année, nul besoin de dire que le Burkina Faso sera obligé de faire davantage recours à l’importation pour satisfaire la demande nationale en consommation d’huile.
Pour ce qui est du sucre, la situation est pratiquement la même. La production nationale de sucre n’a jamais suffi à satisfaire la demande interne. Si bien que chaque année, le pays fait recours à l’importation pour combler le manque. Cette année ne déroge pas à la règle. Mais, ce qui est incompréhensible, c’est la rareté du sucre SOSUCO sur le marché alors que la demande est là, et est même pressante.
La pénurie sur le marché de l’huile Savor et du sucre SOSUCO vient, une fois de plus, rappeler la nécessité d’intensifier la production dans plusieurs secteurs. La production du coton par exemple doit préoccuper tous les acteurs de la chaine et non seulement la SOFITEX et l’Etat. Idem pour d’autres spéculations fortement demandées dans la consommation. Il est temps de revoir les politiques agricoles et faire face au plus important.
Dabaoué Audrianne KANI