Communauté musulmane : Newton Ahmed Barry, le mouton de Tabaski pour sauver la CENI ?

La Fédération des Associations islamiques du Burkina Faso a décidé : « Faisant suite à la polémique née du renouvellement des membres de la Commission électorale nationale indépendante (CENI) et dans le souci impérieux de sauvegarder la paix sociale, je viens par la présente, vous transmettre un autre nom, pour remplacer Monsieur Newton Ahmed Barry, il s’agit de Monsieur Adama Kafando… ». Pour une décision la moins attendue, c’est bien celle-ci, car le problème qui se pose à la CENI est loin d’être celui de la Fédération des associations musulmanes du Burkina Faso. En aucun cas l’opposition ni une partie de l’opinion n’a demandé le remplacement de Newton Ahmed Barry, mais plutôt celui du Sao Naaba, Bonaventure Ouédraogo, représentant de la chefferie coutumière.

Si c’est parce que Newton Ahmed Barry était absent à la dernière convocation pour la prestation de serment et l’élection du président de la CENI, c’est une mauvaise décision. Car, il a le droit d’épouser la position de la majorité des Burkinabé. C’est d’ailleurs cela la preuve de son indépendance. Et c’est ce qui est recommandé à tous les membres de la CENI. Si c’est aussi parce qu’il sera le candidat de la Fédération des associations musulmanes opposé à celui de la chefferie coutumière, c’est encore une mauvaise décision. Car à la CENI, tous les commissaires ont les mêmes droits une fois élus.

Ils doivent avoir le courage de prendre des décisions contraires à la volonté de ceux qui pensent les y avoir désignés. Si c’est pour tout cela qu’Ahmed Barry a été limogé, il sort par la grande porte. Il peut donc s’en réjouir.

Du coup, la Fédération des associations musulmanes du Burkina Faso vient d’ouvrir une autre polémique. En croyant que le remplacement de Newton Ahmed Barry va résoudre la crise, elle en crée une autre. A la Commission électorale nationale indépendante (même s’il a fait des erreurs) Newton Ahmed Barry n’appartenait plus à la Fédération des Associations musulmanes du Burkina Faso. Mais à tous ceux qui se battent et qui se battront toujours pour des élections transparentes, équitables et démocratiques au Burkina Faso.

Du reste, si le limogeage de Newton Ahmed Barry est une sorte d’alibi pour permettre à la chefferie coutumière de « renvoyer » à son tour son représentant Bonaventure Ouédraogo, c’est la décision qu’il ne fallait pas prendre. Car elle vient ainsi renforcer la position de l’opposition qui estime (sans le dire ouvertement) que la mise en place de la CENI telle qu’elle se déroule est une manœuvre des tenants du pouvoir pour contrôler la CENI en prévision des prochaines élections municipales.

Et cela peut bien s’expliquer par le fait que le parti au pouvoir se soit maladroitement invité dans un débat qui ne le regarde ni de près ni de loin. L’opposition a demandé à la chefferie coutumière de remplacer son représentant parce qu’elle estime qu’il est proche du parti au pouvoir. C’est à elle qu’il revient de se défendre et non pas les caciques du parti au pouvoir. Faut-il alors comprendre ceci comme cela.

Dabaoué Audrianne KANI