Autant le dire… : Retour de Gbagbo, encore une roulade dans la farine ?

Comme si Laurent Gbagbo et ses partisans voulaient prendre de cours les autorités ivoiriennes, ils ont annoncé son retour en Côte d’Ivoire pour le 17 juin prochain. Et ont même donné les conditions dans lesquelles, Laurent Gbagbo doit pouvoir revenir : un accueil populaire à l’image d’une grande manifestation politique. Malheureusement, du côté du pouvoir, on n’était même pas au courant.

Même le ministre de la Réconciliation nationale, Kouadio Konan Bertin n’est pas informé. Alors que tout le monde sait que si Laurent Gbagbo doit revenir libre en Côte d’Ivoire, il appartient au gouvernement ivoirien d’organiser son retour afin qu’une fois au pays, il soit effectivement en sécurité. Du reste, Laurent Gbagbo est condamné à 20 ans de prison dans le cadre de la casse de la Banque centrale des Etats de l’Afrique de l’Ouest (BCEAO) de Bouaké.

Peut-il rentrer en Côte d’Ivoire et continuer tranquillement dans sa résidence ? C’est ce que croient sans doute ses partisans. L’entend-on de la même oreille dans la justice ivoirienne ? L’entend-on de la même manière du côté du pouvoir et des victimes des exactions consécutives aux élections de 2010 ?

Une fois de plus, Laurent Gbagbo et ses partisans voulaient-ils rouler tout le monde dans la farine ? En tout cas si ce n’est pas cela, ça y ressemble. Du coup, ce retour semble hypothéqué. Non pas certainement de la faute du gouvernement, mais des partisans de Laurent Gbagbo qui ont mis la charrue avant les bœufs.

En effet, la réconciliation que tout le monde porte sur les lèvres ne doit pas être un quelconque alibi pour contourner les questions de vérité et de justice. Même si devant la justice internationale Laurent Gbagbo a été blanchi, en est-il de même dans les esprits des Ivoiriens victimes des affrontements suite aux élections de 2010 ?

La réconciliation en Côte d’Ivoire ne se fera pas à partir d’une décision de la justice de la Haye ; elle ne se fera pas non plus dans un pays étranger, mais à Abidjan, à Bouaké, à Ferkéssédougou, à Odienné, à Man, Daoukro, à Gagnoa… Cette tentative de retour, pratiquement aux forceps, vient une fois de plus démontrer les divergences des Ivoiriens sur certaines questions qui pouvaient trouver des solutions très simples. C’est aussi la preuve que les esprits ne sont pas suffisamment préparés à la réconciliation.

Laurent Gbagbo ne rentre pas en Côte d’Ivoire pour battre campagne, remettre ses ouailles en selle et conquérir le pouvoir. Si ces partisans l’entendent ainsi, le jeu est déjà faussé. La réconciliation telle qu’elle est attendue, en Côte d’Ivoire comme au Burkina, ne peut passer par des politiciens.

Au contraire, étant les vecteurs de la division, ils ne peuvent en aucun cas être des acteurs clés de la réconciliation. Laurent Gbagbo rentre en Côte d’Ivoire pour participer auprès des Ivoiriens à la réconciliation nationale, à l’apaisement des cœurs et au retour du pays sur la voix durable du développement. Lui-même doit le comprendre ainsi.

Dabaoué Audrianne KANI

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