Carnet de voyage en Mauritanie : « A Nouakchott, tout vieux véhicule est un taxi »

L’occasion nous a été  donné à la faveur de la coupe d’Afrique des nations des U 20, à laquelle notre pays, le Burkina Faso a pris part de séjourner à Nouakchott, la capitale de la Mauritanie. Journaliste, chaque fait que nous avons vécu nous a donné l’opportunité de gribouiller quelques notes pour en faire le récit d’un séjour, qui s’est brutalement achevé avec l’élimination de notre équipe au stade des quarts de finales. Si nous n’avons pas pu tout vous dire sur Nouakchott  et ses petits secrets, ce ne sera que partie remise, espérant une prochaine fois.

A Nouakchott les taxis n’ont pas de signe distinctif

Tout content après trois ans sans monter à bord de l’appareil volant imitant l’oiseau naturel, nous prenons ce jour 13 février 2021 la compagnie aérienne  nationale AIR Burkina en direction de Dakar pour une escale avant de rallier Nouakchott. Une traversée qui selon le commandant de bord dure trois heures et quelques minutes de vol. Comme si c’était notre première fois d’embarquer dans un avion, il fallait se concentrer au décollage pour ne pas avoir des vertiges avant de se détendre et commencer la conversation avec les confrères présents. A un moment donné, c’est la voisine de derrière qui retenait notre attention. Une Sénégalaise élancée qui ressemblait plus à un mannequin. Son voisin, un membre de notre délégation, tente d’entretenir les échanges avec elle. Lui : « voisine, si je ronfle n’hésite pas à me réveiller ». Elle esquisse un petit sourire avant d’échanger quelques mots avec lui. Leur conversation sera interrompue par un fait. Un passager se plaignait de mal de l’air, avant de tomber dans les pommes. « Un médecin, vite un médecin  », crions-nous fort. Aussitôt, trois hommes de santé sont à son chevet. Il revient vite à lui, avant de demander à son voisin ce qui s’est passé. Après avoir pris des comprimés du médecin à bord, il revient doucement à lui. Et c’est à ce moment qu’un membre de la délégation  s’approche de lui, pour dire qu’il est pasteur et qu’il allait prier pour lui. Il invoque un instant le Père éternel pour qu’il veille sur le malade. Aussitôt qu’il finit, juste avant de rejoindre son siège, le malade commence à vomir. « C’est la manifestation de la puissance du seigneur, tu seras libéré ».  Cet incident aérien oublié, il fallait passer plus de 5 heures d’attente à l’aéroport de Dakar.   L’attente a été longue, il fallait prendre des forces pour continuer. C’est en ce moment que je me suis rendu compte que la nourriture est bien moins chère dans notre pays. On était obligé  de payer un plat de riz gras à 7 500 FCFA. Mais tout le monde n’a pas voulu manger. « Un plat de riz gras à 7500 FCFA, moi ça m’a coupé l’appétit », s’écria un membre de la délégation. La prochaine étape, c’est bien Nouakchott en Mauritanie. Entre Dakar et Nouakchott, le vol dure en gros 45 minutes et par la route entre Saint-Louis et Nouakchott on parle de 500 km voir plus.  On n’a même pas senti le trajet. Bizarrement, on a mis plus de temps à attendre à l’aéroport de Nouakchott que le trajet. La faute un membre de la délégation avait été sommé de payer le visa. Ce qu’il a fait avec beaucoup de retard. A Nouakchott, l’aéroport n’est pas au centre ville comme à Ouagadougou. Il est situé à une quarantaine de kilomètres de la ville dans un coin bien dessert. C’est à bord des navettes que nous rejoignons la ville.

Les appartements plus prisés que les hôtels

Avant d’arriver à Nouakchott, nous nous sommes renseignés avec un confrère mauritanien sur les logements sur place. Ce dernier nous a vivement conseillé les appartements. Pour lui, les appartements sont moins coûteux et plus confortables. Avec le fils du consul du Burkina Faso en Mauritanie, on nous conduit dans un premier appartement où  il n’y avait pas assez de place pour tout le monde. Ce qui nous a conduits à deux appartements non trop loin du premier. En Mauritanie au lieu de construire des hôtels, c’est le système d’appartements qui marche.

Ce sont les hôtels-appartements qui marchent bien avec beaucoup de commodités

En effet ces logements fonctionnent comme des hôtels. Ils sont plus spacieux avec beaucoup plus de commodités à savoir un salon, deux chambres, une cuisine bien équipée qui permet de préparer pour manger sur place. Cette partie de notre appartement on l’utilisait très peu, juste pour le petit déjeuner. Pour le reste des repas, il fallait aller dans les restaurants et là ce sont les sénégalais et les ivoiriens qui nous accueillaient.

Sénégalais et Ivoiriens excellent dans la cuisine à Nouakchott

Après le logement à Nouakchott, il fallait voir comment se restaurer dans la capitale mauritanienne. On nous conseille un restaurant non loin de notre appartement. Rotanna, un restaurant du type semi-européen, avec les menus qu’on retrouve dans les Mac Donald. Il fallait s’y faire à l’heure où nous étions, difficile de trouver un autre restaurant. Car à Nouakchott, nous confie notre logeur, à partir de 24heures, il y a couvre-feu à cause du COVID-19. Le lendemain, il fallait prospecter pour voir les endroits où on pouvait se restaurer plus facilement, l’ivoirien ou le sénégalais. Effectivement, ce sont les plus nombreux dans le domaine de la restauration en Mauritanie. Dans notre quartier on a découvert deux restaurants sénégalais avec des menus qu’on connaît déjà chez nous, du « Yassa ». Quelques jours plus tard, c’est un restaurant ivoirien chez « Yoyo » qu’on a découvert grâce à l’indication d’une Ivoirienne que nous avons par hasard rencontrée en ville. Le restaurant de « Yoyo » est bien au centre ville, pas trop loin du stade Cheikha Boidiya de Nouakchott où les Etalons ont évolué. Ainsi, certains y passaient manger de l’attiéké  au poisson ou du riz sauce arachide. Ce restaurant n’est aussi pas loin de l’église catholique de Nouakchott. Oui, en Mauritanie il y a des chrétiens et une église catholique au centre ville non loin de l’ambassade de France. La découverte de l’église  permettra aux catholiques de la délégation de s’organiser pour prendre part aux offices religieux du mercredi des cendres, du chemin de croix et de la messe du week-end. C’est de retour de l’église qu’ils feront une rencontre très surprenante.

Une rencontre surprenante avec un taximan

En Mauritanie, plus précisément  à Nouakchott, il est difficile de distinguer les taxis des autres véhicules. Ce n’est pas comme au Faso, où les taxis sont de couleur verte ou bien portent des enseignes avec la mention taxi en jaune. Là-bas, tous les propriétaires de véhicules peuvent se transformer en taximen d’un jour. Mais ce que nous avons remarqué en plus, c’est que ces véhicules utilisés comme taxis sont d’un certain âge et souvent un peu cabossés. Lorsqu’on posa la question à un compatriote qu’on a retrouvé sur place, il nous dira : « ici à Nouakchott, tout vieux véhicule est un taxi ». Mais il y a des taxis qui font vraiment peur, au point qu’un membre de la délégation dira qu’il y a des véhicules en Mauritanie qui ne peuvent plus circuler au Burkina Faso. Chaque jour, il fallait les emprunter pour faire ses courses. Les chrétiens de la délégation ne manquaient pas les offices religieux. Un vendredi de retour du chemin de croix, invités par des compatriotes, nous avons partagé un repas chez l’Ivoirienne Yoyo avec au menu l’attiéké  au poisson. En regagnant notre appartement, nous entamons des discussions. Et entre temps, deux membres de la délégation commencent à parler mooré. C’est quand on a fini de lui régler la course que le taximan nous interpelle en mooré en disant « Sanbiiga ». Tous, on se retourne pour se regarder avant de lui demander d’où il vient. Il nous dira qu’il est Burkinabè et se nomme Moumouni Ouédraogo.

« Je viens de Ouahigouya, précisément de Bingo »

Après avoir échangé les contacts avec Moumouni le taximan, il sera notre guide et notre taximan attitré.

Moumouni Ouédraogo utilise son propre véhicule comme taxi pour s’en sortir

On aura l’occasion de parler à plusieurs reprises avec lui en mooré, pour le mettre en confiance avant qu’il nous parle de son histoire. « Au Burkina Faso, moi je viens de Ouahigouya plus précisément de Bingo. Je suis parti en aventure comme d’autres jeunes pour aller en Europe. Je suis passé par la Mauritanie, je suis arrivé au Maroc. Là-bas la vie est dure. Je n’ai pas pu supporter, je suis revenu en Mauritanie. J’ai fait deux ans au Maroc.  Comme j’ai le permis de conduire, c’est ça qui me fait travailler parce qu’ici, il est difficile pour un étranger de trouver du travail. J’ai eu un ami mauritanien qui m’a beaucoup aidé avec ses contacts. J’ai eu un travail de chauffeur avec un directeur d’hôpital. Mais il m’exploitait. Mon travail consistait à le conduire à l’hôpital et dans sa clinique privé. Je voulais de l’argent pour repartir au Maroc. Avant, je suis parti avec 4000 euros, mais je n’ai pas fait un an avec. Après j’ai réfléchi et je me suis dit qu’au lieu de partir je pouvais investir avec l’argent que je gagne ici. Dieu merci, ça va un peu. J’arrive à envoyer de l’argent au pays. Mon premier taxi, je l’ai eu grâce à mon ami mauritanien. Avant, on partait jusqu’à la frontière avec le Maroc vers le Front Polissario pour prendre des voitures et venir vendre en Mauritanie. Actuellement, le président mauritanien  a  fermé ce business. Maintenant, un véhicule  de plus de 9 ans ne rentre plus en Mauritanie. J’ai eu l’argent pour payer mon véhicule à 1 million 800 mille Ouguiya (monnaie locale en Mauritanie). Le taxi rapporte bien à  Nouakchott. Avant la COVID-19, de 8 h à  19h  je pouvais avoir 22 mille Ouguiya. Depuis qu’il y a le COVID, ça ne marche plus bien. Il y avait couvre-feu à partir de 16 heures. Maintenant ça va mieux on peut avoir 10 000 FCFA à 15 000 FCFA  par jour. Ici si tu n’es as Mauritanien, tu ne peux pas avoir du travail. Moi par exemple, beaucoup me prennent pour un Mauritanien. Je peux dire que je suis le seul Burkinabè taximan à Nouakchott ». Il terminera en donnant des conseils aux jeunes qui sont au pays, et qui veulent aller en aventure, « restez au pays, travaillez pour le développer, c’est mieux ».

Firmin OUATTARA

De Retour de Nouakchott

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