Chronique/Mali : Assimi Goïta résistera-t-il ?

C’est en août 2020 qu’il a été révélé sur la scène politique dans son pays, après avoir avec certains de ses camarades militaires déposé tranquillement le président Ibrahim Boubacar Kéïta. Sous la pression de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) et de la communauté internationale, il revoit à la baisse ses ambitions. En allant chercher dans son champ, Bah Ndaw (un militaire à la retraite) pour diriger la transition. Lui-même est resté vice-président. En clair, le vrai président ce devait être lui. Mais que s’est-il passé pour que Bah Ndaw et son Premier ministre Moctar Ouane soient à leur tour déposés neuf mois après ? Le peu que l’on sait, est qu’Assimi dit n’avoir pas été, en sa qualité de vice-président, consulté dans la composition du nouveau gouvernement. Ce qui constitue pour lui, une violation de la charte de la transition. En outre, deux de ses camarades sont «chassés» du gouvernement et remplacés par des militaires peu connus au camp militaire de Kati. Ce vendredi 28 mai, la Cour constitutionnelle le confirme président de la transition après la démission du président et du Premier ministre.

Une fois de plus, la CEDEAO et la communauté internationale menacent. Des sanctions planent sur le Mali. Le président français qui parle de coup d’Etat dans le coup d’Etat trouve cette situation inacceptable. Il menace même de retirer ses troupes du Mali si la transition doit être dirigée par les militaires. Car pour lui, la France ne peut être aux côtés d’un pays où il n’y a ni légitimité ni respect de la Constitution. La pression est si forte qu’on se demande si Assimi Goïta pourrait résister.

Mais en vérité, les Maliens semblent s’accorder sur le fait qu’Assimi Goïta assume lui-même la présidence de la transition. Le M5, à la demande du président de la transition a déjà désigné Choguel Maïga pour assurer les fonctions de Premier ministre. Dans d’autres partis politiques, on a pris acte des démissions et de l’auto-proclamation d’Assimi Goïta à la présidence de la transition. Si bien que les marges de manœuvre de la CEDEAO pour rétablir Ndaw dans ses fonctions sont minces. A moins de trouver un autre président civil.

En outre, des sanctions économiques ne seraient pas les bienvenues au Mali. Le pays ne peut plus supporter des sanctions économiques au risque de basculer dans une crise sociale. Pour ce qui est des sanctions individuelles, la junte au pouvoir a clairement fait savoir que ses membres ne disposent pas de comptes bancaires à l’étranger. Si c’est pour les voyages, ils n’en ont pas forcément besoin. Dans la crise au Mali, il faut de la clairvoyance et beaucoup de réalisme.

Dénis Dafranius SANOU