Cinq ans pour une licence sans redoublement : Jusqu’à quand la galère du LMD dans les universités publiques ?

Entre cours, TD et examens en retard, un sentiment d’incertitude animent nombre d’étudiants de l’Université Nazi Bony de Bobo-Dioulasso (UNB). Le système Licence-Master-Doctorat (LMD) n’a pas fini de leur causer des soucis de lendemain. Et pour cause…

Des étudiants en licence 1 de MPI

« Nous ne savons pas quoi faire face à la situation. On rentre parfois à la maison après avoir attendu en vain un enseignant qui ne se présentera pas pour donner son cours avant une date inconnue ». « On a parfois l’impression de perdre le temps, sans savoir si l’on va obtenir un jour cette licence tant recherchée ». « Je n’ai redoublé aucune classe, mais c’est ma cinquième année passée ici (à l’UNB : ndlr) et je n’ai toujours pas achevé ma troisième année de licence à cause des retards ». Ce sont entre autres, complaintes d’étudiants. Par petits groupes rassemblés devant des bâtiments et amphithéâtres de l’université, ils attendent un enseignant pour un cours, un bus au terminus de l’université, ou leur tour de service au restaurant universitaire ou encore au kiosque-restaurant d’un prestataire privé dans l’enceinte de l’université. D’un groupe à l’autre, les niveaux et les filières varient, mais en cette matinée du jeudi 18 février 2021, nous rencontrons surtout des étudiants en licence 1, 2 et 3. Filières ‘’Informatique’’ ou ‘’Math-Physique-informatique’’.  Personne n’ignore les difficultés inhérentes à l’université publique burkinabé que le au système LMD  semble être venu aggraver. Si le système LMD qui tend à devenir mondial s’impose sous nos tropiques depuis des années, autant dire qu’il n’est pas sans poser quelques soucis aux étudiants nouvellement arrivés sur le campus de Bobo. Leurs aînés « sont prioritaires dans le calendrier » et les cas de deux à trois promotions se chevauchant sur la même année ne sont pas rares. Ce qui gonfle davantage les effectifs déjà pléthoriques. La faute du LMD ? Les autorités universitaires s’en défendent. En attendant, nombre d’étudiants nous expriment leur perception de « ce système qui est venu nous compliquer les choses ». En quelle année académique sommes-nous déjà ? La réponse n’est pas simple à cause justement de ces chevauchements entre promotions, avec les retards accumulés. Il faut valider un semestre avant d’accéder au suivant et on risque facilement le renvoi définitif si on ne valide pas ses semestres dans le temps. Les quatre cents étudiants inscrits cette année en licence 1 de MPI (Math Physique Informatique) savent donc ce qu’ils risquent en cas de redoublement. Le système, on le leur a expliqué, mais en perçoivent-ils toutes les nuances ? Devant le restaurant universitaire, un étudiant ne  s’en inquiète pas outre mesure, il est en première année d’informatique et on leur aurait promis une séance d’explication pour bientôt. Avec un effectif d’une centaine d’étudiants, la filière n’est pas des plus surchargées, mais toutes sont soumises au même critère et réalités du système LMD. Un enseignant nous explique les méandres du système qui devrait en principe être perçu comme une avancée. « Dans ce nouveau système, la notion d’année académique laisse place aux semestres. L’étudiant doit valider six semestres pour l’obtention de sa licence. Mais un tel système nécessite aussi des moyens pour une application efficace. Or, personne ne semble vouloir en payer le prix. Ni l’Etat en y injectant les fonds nécessaires, ni les étudiants à travers une hausse des droits d’inscription. Pour pouvoir gérer les effectifs actuels dans le système LMD, il faudrait nécessairement des moyens d’accompagnement». Et l’enseignant d’université de se demander, pourquoi ne pas investir l’argent des mines dans le secteur de l’éducation pour résoudre le problème ? « Ce serait de loin le meilleur investissement pour l’avenir du pays » En attendant, le système LMD qui tend à se mondialiser, a de beaux jours devant lui, malgré les récriminations d’étudiants et enseignants. Quant aux chevauchements des années et autres retards et difficultés observés, l’administration universitaire a promis de nous en dire davantage bientôt. A lire bientôt donc, dans les colonnes de L’Express du Faso.

Sibiri SANOU

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