Ils ont préféré leurs intérêts au détriment de ceux de la commune. C’est ce qui provenait de la bouche de plusieurs conseillers municipaux de l’opposition, mais également de la majorité dont sont membres les boycotteurs. Quand on est volontairement absent à un débat, on manque en même temps l’occasion de se justifier, même quand on a raison. C’est le cas de ces conseillers municipaux du Mouvement du peuple pour le progrès (MPP), menés par les maires d’arrondissement N°1, N°2, N°3, N°4 et N°7, tous du même parti, qui ont boycotté la session ordinaire du conseil municipal de la commune de Bobo-Dioulasso. Qui devait s’ouvrir hier, jeudi 16 juillet 2020, avec un ordre du jour axé essentiellement sur le budget supplémentaire (clé de voûte des actions de développement de la commune), la construction de marchés dans plusieurs arrondissements et l’aménagement de terrains à lotir. Peu importe les raisons qu’ils avancent. Le meilleur moyen pour un conseiller municipal de défendre une cause qu’il estime juste, est de le faire en conseil municipal devant ses pairs conseillers. C’est ce cas-ci, la situation est d’autant plus incompréhensible que les boycotteurs sont tous du même parti. Aussi, à défaut du débat interne à leur parti politique, ils auraient pu en débattre en groupe conseiller municipal. Est-ce à dire qu’au sein du MPP dans le Houet, toutes ces voies de recours entre militants d’un même temps, ont été épuisées au point d’en venir à boycotter le conseil municipal de la deuxième ville du Burkina ? Si tel est le cas, il faut tout de suite dire que la cohésion au sein du parti n’est plus de mise. Ce qui est suffisamment grave pour un parti majoritaire qui vient d’investir le président en fonction, pour un second mandat. C’est certainement tout cela qui a amené un ancien conseiller municipal à dire que les « frondeurs » ne mesurent pas la porté de ce qu’ils font.
Parce que, quand on est élu conseiller municipal, on l’est pour une population que l’on représente et dont on défend les intérêts. Dans cette logique, on doit être en mesure de porter le débat autour de ses intérêts. Ici, il était question de débattre de questions suffisamment importantes pour le développement de la commune de Bobo-Dioulasso. Comment peut-on, pour des raisons internes et de parcelles, refuser d’aller défendre sa commune, qu’on dit haut et fort aimer et dont on défend les intérêts ?
Le MPP vient ainsi de donner le bâton à l’opposition pour bien le fouetter. La preuve en est qu’à la session avortée, c’est l’opposition qui avait le vent en poupe. Renvoyant les conseillers municipaux du parti de Simon Compaoré à aller s’entendre et revenir si toutefois c’est le développement de la commune de Bobo-Dioulasso qui les préoccupe. Certains d’entre eux diront qu’ils ont réussi leur coup ; mais en réalité ils viennent de poser un acte sans précédent qui, s’ils reviennent à la tête de l’exécutif municipal, leur sera fatal. A moins que certains aient compris qu’ils ne reviendront plus jamais au conseil municipal, jouent leur va-tout. Encore plus grave, car ils répondront tôt ou tard.
Dabaoué Audrianne KANI