Mali, attention au syndrome libyen

Mali, ce n’est pas un coup d’Etat, c’est IBK qui a démissionné. Les militaires ont été tellement bien inspirés au Mali qu’ils ont amené Ibrahim Boubacar Kéïta a démissionné. Ensuite, ils l’ont amené à dissoudre lui-même l’Assemblée nationale et le gouvernement. Autrement dit, on a laissé croire que le président et son Premier ministre ont été tout simplement amenés au camp militaire de Kati pour des négociations. C’est de là-bas que tard dans la nuit, il a lui même annoncé la dissolution des principales institutions de la République. L’agencement est si bien fait que c’est après la démission du chef de l’Etat que les «frondeurs» ont annoncé à leur tour, leur Comité national de salut pour le peuple (CNSP) et dit leur engagement à restaurer la démocratie au Mali dans un «délai raisonnable». Car pour eux, depuis un certain temps, le Mali était dans une totale incertitude tant sur le plan politique, sécuritaire que social.

Au Mali donc, le vin est tiré et il faut le boire. Les militaires n’ayant été les seuls à l’avoir tiré, ils ne seront certainement pas les seuls à le boire ; jusqu’à la lie. La CEDEAO qui a pris des sanctions contre les auteurs du «coup de contrainte» sera contrainte de revenir sur les mêmes décisions. De même que cette communauté dite internationale qui n’attend toujours comme des vautours qu’il y ait de la charogne pour vouloir dicter ses positions. Car, toutes ces institutions ont eu tout le temps de trouver une solution à la crise malienne. Mais, elles ont fait semblant.

Si tous ces observateurs, dénonciateurs ou condamnateurs régionaux et internationaux veulent être sincères, ils devraient être les premiers à reconnaître qu’au Mali il ne restait plus que cette solution pour sortir de cet épisode et amorcer le suivant. Aussi, gageraient-ils à, plutôt, aider le peuple du Mali à faire rapidement face à cette situation que d’enfoncer le clou. Car, si la situation devait être plus grave qu’elle l’est actuellement au Mali des suites des sanctions de la CEDEAO ou d’une quelconque institution internationale, il faut craindre le pire. Non pas seulement pour le Mali lui-même, mais également pour toute la région ouest-africaine. Car, on a en mémoire que c’est suite à la crise libyenne que tout le Sahel a été envahi par l’insécurité et le phénomène du terrorisme. Il s’est exacerbé lorsque ces deux phénomènes ont pris leurs racines au Mali. Aujourd’hui, l’ensemble de l’Afrique de l’Ouest est sous la menace des terroristes. Si en plus de la crise politique, sécuritaire et sanitaire que connaît le Mali, il faut créer une crise sociale et économique, ce sera une très grosse erreur. Surtout quand on sait que c’est dans la liesse que les Maliens ont accueilli les militaires dans les rues, les soumettre à un embargo économique est suicidaire. Le moins que l’on puisse dire, c’est d’amener les chefs d’Etat élus à prendre sérieusement leurs responsabilités pour répondre aux préoccupations de leurs  peuples. Car, l’ordre constitutionnel qu’on défend n’est justifiable que lorsque l’ordre social est établi.

Dabaoué Audrianne KANI