Nous sommes en pleine période de cueillette de mangues dans la province du Kénédougou en général et particulièrement à Orodara. Chaque matin, ce sont plusieurs camions qui convergent vers les vergers pour le chargement des mangues. Notre reporter a suivi l’un d’entre eux pour vivre une journée de cueillette dans le verger de Souleymane Barro et de Jean Paul Traoré.
Dimanche 23 juin 2024, il est 9h30 lorsque nous embarquons dans un camion communément appelé « 10 Tonnes » en direction du verger de Souleymane Barro et de Jean-Paul Traoré, à la lisière de la ville. Les passagers du camion sont pour la plupart des élèves en vacances. En chemin nous entamons une conversation avec certains eux. Ibrahim Barro, élève en 4ème au lycée municipal de Orodara assure qu’ils sont au nombre de 14 élèves à faire le job de ramassage de mangues. «J’ai commencé cette activité depuis 2020 et la traite de mangues coïncide toujours avec les vacances. A la fin de la journée je peux gagner 3500F. À la fin de la cueillette, j’arrive à acheter des habits et autres besoins», déclare t-il. Même son de cloche chez Awa Traoré, élève en 5ème toujours au lycée municipal de Orodara. Elle affirme qu’elle remet à chaque fois une partie de son argent à son père. Elle invite ses camarades à venir travailler au lieu de rester sans rien faire à la maison.
Des tâches bien reparties
Dès notre arrivée dans le verger, le spectacle est saisissant: des champs de manguiers à perte de vue donnant un grand ombrage. Nous sommes aussitôt accueillis dans un concert de mouches, de chants d’oiseaux, le tout dans une atmosphère pesante avec une odeur de mangues pourries à même le sol. Les manœuvres du jour sont répartis en deux groupes de travail. Les garçons sont chargés de secouer les branches garnies de mangues à l’aide de longs bois munis de crochets en fer. Quand ces branches sont inaccessibles du fait de leur hauteur, certains garçons montent pour secouer ou tailler totalement certaines d’entre elles. Le deuxième groupe, constitué de filles, est chargé de ramasser les mangues pour faire de gros tas. D’un côté les mangues non mûres et de l’autre côté les mangues mûres. «Nous cueillons surtout les mangues non mûres», confie Souleymane Barro, l’un des propriétaires du verger.
Le comptage des mangues
Effectivement, nous constatons deux gros tas de mangues : les non mûrs et les mûres. Concernant les mangues mûres, ce sont les vendeuses à la sauvette qui viennent s’approvisionner pour revendre dans la ville. À 13h45 intervient une pause pendant laquelle un repas est servi aux travailleurs, histoire de prendre des forces pour la suite du travail. À la fin du ramassage, les propriétaires du verger font le comptage des mangues cueillies. Un autre tri s’opère de nouveau. Les mangues abîmées lors de la chute ou celles ayant subi des attaques d’insectes sont retirées des tas. C’est à l’issue du comptage que le remplissage du camion se fait. A 18h nous embarquons à nouveau dans le véhicule pour le retour avec des travailleurs exténués mais satisfaits du boulot accompli. Le camion n’étant pas rempli, est passé dans un autre verger de Souleymane Barro pour compléter sa cargaison. «Demain (ndlr), je me rends à Ouaga pour livrer mes mangues», lance Souleymane Barro, l’air joyeux.
Djibrilou DIALLO/ Orodara
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