Entre légitimité et légalité, Alassane et Condé ont raison

Aux États-Unis, par la force de la démocratie (donc ces institutions), Donald Trump sera obligé de se  soumettre. Même si jusqu’à présent, il estime qu’on lui a volé sa victoire. Autrement dit, les institutions démocratiques américaines n’ont pas besoin de ses desiderata à lui pour reconnaître la victoire de son adversaire. Jusque dans son propre camp, les Républicains, au nom des institutions démocratiques, on a reconnu la victoire de Joe Biden. Quelle soit légitime ou non, pourvu qu’elle soit conforme à la légalité. Comme le recommandent les instruments démocratiques américains.

En Côte d’Ivoire comme en Guinée, c’est ce qu’Alassane Ouattara et Alpha Condé ont fait. Les troisièmes mandats qu’ils ont brigués sont conformes à la légalité. L’un comme l’autre s’est présenté à la présidentielle sous la coupe d’une nouvelle constitution. Qui a été votée par le peuple. Une nouvelle République autorise tous ceux qui ont des ambitions présidentielles de les exprimer. C’est ce que l’un et l’autre ont fait. Là où les oppositions politiques se sont laissées avoir, c’est le fait d’avoir laissé voter de nouvelles constitutions. Alassane et Condé ont été légalement élus. Quant à leur légitimité, c’est un autre débat. Mais ayant déjà fait chacun deux mandats, le problème de leur légitimité ne se pose plus. Quand bien même ils doivent travailler pour refaire leur image écornée par le simple fait du troisième mandat.

Il est donc établi qu’une démocratie ne vaut que ce que valent les institutions qui la fondent. C’est pourquoi, les hommes politiques africains doivent nécessairement travailler à renforcer les institutions démocratiques. Car la démocratie, ce sont d’abord elles. Si en Côte d’Ivoire et en Guinée, Alassane Ouattara et Alpha Condé ont pu faire changer de Constitution ou les réviser, c’est parce que celles-ci ne sont pas suffisamment fortes pour se prémunir de toute révision. Même si les processus démocratiques sont en construction, cela ne devrait pas permettre de changer de constitution ou de la tailler à la mesure du chef du moment.

Tout comme les constitutions, les autres institutions intervenant dans l’organisation des élections doivent être solidement immuables de manière à ce qu’on ne puisse pas s’en servir comme on le veut à son gré. C’est le cas par exemple des Commissions électorales et des conseils (ou cours) constitutionnels. L’expérience a démontré qu’elles ont toujours servi la cause des princes du moment. Comment faire que ce ne soit plus le cas ? Autrement, ces institutions ont besoin d’être suffisamment fortes pour ne servir que la démocratie.

L’objectif étant de faire en sorte que nos démocraties ne soient plus source de conflits pré ou postélectoraux, mais un véritable outil de stabilité, de paix et de développement durable partagé. Au cas contraire, l’Afrique aura encore des soucis à se faire à chaque fois que des élections s’organisent dans un pays. Et les exemples, lointains, récents et à venir ne manquent pas malheureusement.

Dabaoué Audrianne KANI