Reçu en audience par le Chef de l’opposition politique (CFOP), Marc Bonogo, président national de l’Alliance des nouvelles consciences (ANC) fait un plaidoyer pour voir la jeunesse représentée dans les instances décisionnelles du Burkina Faso, mais aussi et surtout plaider en faveur de la réinstitution du parlement des jeunes au Burkina Faso. Nous l’avons rencontré pour en savoir plus.
Vous pouvez nous présenter votre structure ?
L’Alliance des nouvelles consciences est un mouvement associatif de jeunesse qui a vu le jour le 08 mai 2014. Elle a pour objectif de promouvoir la gouvernance démocratique et cultiver l’esprit entrepreneurial en la jeunesse burkinabè. De ces deux objectifs principaux se dégagent les deux axes principaux de l’ANC. Le premier axe, il s’agit de la gouvernance démocratique, pour le second, il s’agit de la question de l’auto employabilité de la jeunesse. Il ne suffit pas d’avoir un emploi, encore faut-il que cet emploi soit décent.
Le Chef de file de l’opposition politique (CFOP) vous a reçu en audience. Quel a été l’objectif de cette rencontre ?
Le CFOP a été la première personnalité politique à nous ouvrir ses portes. Nous avons un objectif : faire un plaidoyer auprès du CFOP pour voir la jeunesse représentée dans les instances décisionnelles, mais aussi et surtout plaider en faveur de la réinstitution du parlement des jeunes. Lequel parlement des jeunes avait été institué pour la première fois en 2008 et après son mandat de 3 ans jusqu’au jour où je vous parle, le parlement des jeunes n’a plus jamais vu le jour au Burkina Faso.
Que comptez-vous faire concrètement pour que cette institution revoie le jour ?
Ce sont des actions de plaidoyer. Nous n’avons pas un moyen de contrainte. D’ailleurs, à l’ANC nous passons par des voies pacifiques, démocratiques. La parole est l’arme la plus puissante qui puisse faire changer des personnes. Nous avons adressé aussi une demande d’audience au président de l’Assemblée nationale et au Premier ministre. Si ces deux personnalités en plus du CFOP, nous reçoivent et qu’elles nous écoutent, nous estimons que notre cause sera entendue.
Quel sera l’apport de cette institution parlementaire ?
Le parlement des jeunes ne sera pas une institution de trop. Parce que la jeunesse constitue la frange majoritaire de la population, les chiffres le disent. L’Institut national de la statistique et de la démographie, les études du PNUD, du Centre laborin démographique, toutes ces études révèlent que la jeunesse burkinabè fait plus de 70 % de la population. Alors, si on estime que les femmes qui constitue 54 % de la population et que chaque fois qu’on veut mettre en place une institution on exige qu’on tienne compte du cota genre, nous estimons que ce ne sont pas les jeunes, plus 70 % de la population, qu’on va mettre à l’écart. Historiquement, la jeunesse a toujours été d’un apport constructif pour notre nation. Elle a toujours été aux avant-postes des combats que notre pays à connu. Je parle des évènements du 03 janvier 1966, de la Révolution d’août 1983, des évènements des 30 et 31 octobre 2014 et du coup d’État manqué de 2015. Ce que nous sommes entrain de faire est une contribution pour le développement du pays. Le retour du parlement des jeunes va être une tribune pour la jeunesse de pouvoir apprendre le fonctionnement des institutions parlementaires. Deuxièmement, c’est une tribune qui va permettre aux jeunes de pouvoir développer des habiletés de communication. Les chefs d’État et de gouvernement ont estimé, lors de sommet au Canada en septembre 1999 sur la jeunesse, qu’il était important qu’une institution de cette envergure voit le jour. Parce qu’ils ont compris que la jeunesse doit avoir une institution où elle mène les débats qui la concerne, où elle apprend à gérer la chose publique.
Quel est votre mot à l’endroit du gouvernement burkinabè ?
Le gouvernement doit écouter la jeunesse. Il doit être regardant vis-à-vis des revendications de la jeunesse burkinabè, parce que la jeunesse constitue la relève. La jeunesse doit être la sève nourricière qui va pouvoir permettre à notre pays d’enclencher une dynamique de développement sans fin.
Pour que cette institution voit le jour, quel est votre appel à l’endroit de la jeunesse ?
C’est la prise de conscience. Pour nous, tout part de là. Nous devons prendre conscience de notre nombre, comme le dit un adage « l’union fait la force ». Donc, j’appelle les jeunes du Burkina Faso à une union sacrée autour de cette question du parlement des jeunes et de la représentativité effective des jeunes dans les instances décisionnelles.
Quelle est votre appréciation par rapport au discours du président du Faso sur la situation sécuritaire ?
C’est une sortie qui était depuis belle lurette attendue. Mais il faut dire que le président du Faso a manqué sa sortie pour deux raisons fondamentales.
Primo, il est sorti à un moment où il ne fallait pas. Depuis le massacre de Solhan qui a fait officiellement 132 morts mais officieusement plus de 160 morts, le peuple burkinabè attendait au moins la sortie du chef de l’État pour ne serait-ce que le rassurer. Car tous étaient dans l’émoi total au regard de la dimension du massacre. À ce drame s’est adjoint celui du centre nord qui a connu la mort de 11 policiers et 02 militaires. Le chef de l’État était toujours resté dans un mutisme total. Par ailleurs, il faut noter que dans son discours il s’est beaucoup appesanti sur le projet de marche-meeting annoncé par l’opposition politique en demandant aussi bien aux partis politiques qu’aux organisations de la société civile de sursoir audit projet. Toute chose qui laisse entrevoir que son discours était plus dû à la sortie de l’opposition qu’une compassion ou une solidarité à l’endroit des victimes des attaques barbares.
Secundo, dans le fond le président s’est contenté de mesurer l’ampleur des différents drames sans pour autant prendre de mesures concrètes allant dans le sens d’étancher la soif des Burkinabè. Autrement dit, il s’est agi d’un discours inachevé.
Et le remaniement gouvernemental, qu’en pensez-vous ?
L’on peut de prime abord s’en réjouir après, l’annonce du remaniement gouvernemental surtout avec le départ des deux ministres en charge aussi bien de la défense que de la sécurité. Cela peut donner une lueur d’espoir quant à un lendemain meilleur. En tout état de cause, il faut noter qu’au-delà du changement de têtes, il est nécessaire que le système de gouvernance de notre pays connaisse une profonde chirurgie.
Actuellement on parle de réconciliation nationale. Quelle est votre appréciation ?
La réconciliation effectivement fait partie des questions clés du gouvernement. Le président Roch Kaboré lors de la campagne, a promis de réconcilier les Burkinabè, de faire revenir les exilés politiques avec en tête l’ex-président Blaise Compaoré. Par rapport au format, ils ont parlé de cryptique vérité justice et réconciliation. Nous ne pouvons pas ne pas adhérer à cela. Nous sommes des adeptes de la démocratie, de la bonne gouvernance. Si nous écoutons sur ces questions de justice, c’est comme si des gens se sentent coupables et qu’ils ne veulent pas être touchés. Pourtant on a adopté de façon libre notre constitution et nos lois. Et la loi est faite pour tous et doit être la même pour tous, soit elle punit, soit elle libère. Au nom de la réconciliation nationale, des gens peuvent même être condamnés et se voir gracier par le président du Faso. Il est de bon ton que les Burkinabè parlent d’une même voix. Aujourd’hui, s’il y a division, c’est peut-être sur l’échiquier politique. Sinon, que les Burkinabè soient en crise, ils sont à même de se parler. Je ne pense pas que des Gourounsi peuvent ne pas parler aux Bissa, les Mossé aux Samo, etc.
Jules TIENDREBEOGO