La commune de Poura dans la Boucle du Mouhaoun, subit aujourd’hui une pression de l’orpaillage. Après la fermeture de la Société de Recherche d’Exploitation Minière du Burkina (SOREMIB), depuis 1999, le bac à cyanure, qui est à ciel ouvert est un danger permanent pour les populations. Il faut un véritable changement de comportement afin d’éviter le pire.
Selon le recensement général de la population en 2020, Poura, province des Balés, région de la Boucle du Mouhoun a un peuplement de 19. 046 habitants. L’or brille dans cette commune rurale. Pourtant, elle a un passé glorieux et un avenir hypothéqué. La commune de Poura subit aujourd’hui une pression de l’orpaillage. Cette activité n’est pas sans conséquences sur l’environnement. Il a la coupe abusive du bois ainsi que la paupérisation des sols. En plus de cela, l’utilisation anarchique du cyanure pollue l’air, l’eau et le sol. Des animaux qui meurent, une déforestation inouïe, des populations victimes de maladies respiratoires chroniques, des surfaces de terre cultivables détruites. Les ruines de la Société de Recherche d’Exploitation Minière du Burkina (SOREMIB) et des sites d’orpaillage sont les principales causes. Elle est fermée depuis 1999.
Ces sites d’orpaillage privent les paysans de terres cultivables.
Le bac à cyanure, qui est à ciel ouvert est un danger permanent pour les populations. Des résidus du cyanure sont en dehors de la grille. Moindre pluie, ce produit chimique très dangereux sera drainé par les eaux. Bien que gardé par agents de la CRS de Dédougou, il n’y a pas de difficulté d’accès. Il y a des champs juste à côté. Le cyanure se traite sur des sites à ciel ouvert de façon anarchique. A cause de la pollution de l’air dû aux concasseurs et aux produits chimiques, la première cause de mortalité à Poura est dû aux infections respiratoires. Selon les statistiques, les chiffres sont alarmants et inquiétants. Sur les trois derniers mois, 41,61% des consultations sont dues aux infections respiratoires aigües. L’infection respiratoire reste la première cause de morbidité. Pour offrir de l’eau potable aux populations, le conseil municipal a réalisé des forages. Mais, c’est peine perdue. L’utilisation du cyanure, de l’acide, du zinc dans la recherche du métal jaune a fini par polluer la nappe phréatique. L’air déçu, le maire de la commune de Poura, Seydou Traoré précise « Tout le sous-sol de Poura est contaminé. L’eau est impropre à la consommation. Elle contient une forte dose de l’arsenic. Ce n’est pas tout. Les centaines de concasseurs de cailloux dans sa ville soulèvent de la poussière. Un autre danger dans l’air. La manipulation anarchique des produits chimiques est un danger pour les eaux avec le ruissèlement. L’utilisation des produits chimiques menace également les eaux du fleuve Mouhoun. Les humains qui courent un grand risque ». Un changement de comportement s’impose. Le maire tente de délocaliser l’activité hors de la ville mais les orpailleurs restent sourds.
Un bac à cyanure nocif à la santé
Selon le lieutenant des eaux et forêts, Pegdwendé Basile Kaboré, chef de service départemental de l’environnement, de l’économie verte et du changement climatique de Poura, l’extraction minière constitue une pression accrue pour les forêts. Les orpailleurs mènent une coupe abusive sans précèdent du bois pour maintenir leurs trous. Pour leurs habitations spontanées et leurs hangars, c’est encore la forêt qui saigne. Même les sols cultivables sont remués. Du coup, les terrains sont dégradés et ça devient impropre à l’usage agricole. Les produits chimiques utilisés ici dans l’orpaillage, il y a le cyanure, le zinc. Ces produits retiennent l’or et après, ils peuvent décanter d’autres procédés. Il y a l’acide également qu’ils utilisent dans ce procédé. Ce sont les trois produits majeurs. Le bac à cyanure constitue, selon lui, un danger parce qu’il y a le gaz qui s’évapore et ça se mélange à l’air et il y a la pollution. Seulement ce n’est pas sur une grande étendue mais c’est dans la zone du bac. « Quand vous vous approchez, vous remarquez qu’on ne peut pas respirer. L’air est un peu piquant. Voilà un des dangers. Je pense que là-dessus, la population est informée de ne pas s’aventurer dans les alentours. C’est très nocif. Également, il y a le risque d’être drainé par le vent, puisque ç’a été remué ces temps-ci. Des particules peuvent être emportées par le vent et se retrouver sur les ruisseaux, les voies de conduite d’eau » a noté le lieutenant. La question du bac à cyanure, il lance un appel aux autorités communales voire même les autorités nationales, si en tout cas ils peuvent avoir un regard particulier pour que la population puisse être un peu protégée vis-à-vis de ce danger qui est là.
Le conseil municipal déplore le comportement de la CRS
Il faut indiquer que suite à la fermeture de la société de recherche et d’exploitation minière du Burkina (SOREMIB), la sécurisation des mobiliers et installations de la société, de l’usine et de certains sites à caractère dangereux, a été confiée à la CRS de Dédougou. Cependant, le comportement de ces agents sur le terrain suscite beaucoup d’indignation de la part de la population et de la municipalité. Elles s’interrogent aujourd’hui sur la nécessité de leur présence et leur rôle exact à Poura. Selon le conseil municipal au lieu de constituer une force républicaine pour la sécurité des biens de l’ex SOREMIB et de la population de Poura, des agents de la CRS s’adonnent à des pratiques complètement en déphasage de leur mission. Cela démontre, selon le conseil municipal de Poura, la présence des éléments de la CRS à Poura, s’inscrit plus dans une dynamique de satisfaction d’intérêt égoïste que dans une mission de sécurité républicaine. Ainsi, le conseil municipal tout en déplorant cette situation ne souhaitent voir de tels comportements se prolonger et voudrait que le rôle qui leur a été confié soit désormais effectué par les forces de sécurité locales à savoir la Police et la brigade de Gendarmerie de Poura.
Ce que le cyanure, le mercure et la poussière provoquent
Composé chimique fait d’un assemblage d’un atome d’azote et de carbone, le cyanure provoque la mort par asphyxie, en empêchant la respiration au niveau des cellules. La gravité des symptômes dépend du temps d’exposition et de la concentration de cet agent chimique.
Le mercure élémentaire et le méthyle mercure sont toxiques pour les systèmes nerveux central et périphériques. L’inhalation de vapeur de mercure peut avoir des effets nocifs sur les systèmes nerveux, digestifs et immunitaire et sur les poumons et les reins et peut être fatale.
La poussière peut causer des lésions pulmonaires, parfois douloureuses. Les lésions pulmonaires vous rendent plus sensibles aux microbes et peuvent entrainer des difficultés respiratoires comme un rhume ou une bronchite. La poussière emporte toutes ces particules de cyanure, de mercure, de tous ces produits toxiques utilisés par les orpailleurs.
Jules TIENDREBEOGO