Humeur du mardi : quels accompagnements de la commune et de l’État ?

Sans la Semaine nationale de la culture (SNC), l’année culturelle s’est fortement amoindrie sinon appauvrie à Bobo-Dioulasso. La faute est au coronavirus. Comme pour le FESPACO. Les deux biennales culturelles majeures n’ont pas pu se tenir malgré des préparatifs qu’il a fallu abandonner en chemin.

Sans revenir sur les circonstances et les valables raisons avancées, reste qu’on est en droit de se demander s’il fallait suspendre, annuler ou prendre les mesures nécessaires pour la tenue effective des manifestations. Cela aurait été une victoire en matière de capacités d’organisation. Les organisateurs nous annoncent maintenant que ce sera en octobre prochain, pour ce qui est du FESPACO. Ce n’est pas trop tôt ! Car bien d’autres manifestations, de moindre envergure ou débutantes certes, se sont tenues depuis lors à Ouagadougou et Bobo-Dioulasso.

Une des dernières dans la capitale économico-culturelle étant la FIBO (Foire Internationale de Bobo-Dioulasso). Le Burkina Faso ambitionne faire de la culture un pôle d’excellence et de rentabilité au plan économique. Une cité des artistes est en projet à Bobo-Dioulasso et le souhait est de ne pas l’enterrer au gré des changements à la tête du ministère en charge de la culture. Deux choses doivent être prises en compte dans cette ambition de développement culturelle et par la culture.

La capacité organisationnelle des acteurs dont l’Etat en première ligne, et la vivacité culturelle à  maintenir par d’efficaces expertises d’accompagnement des talents et initiatives. Si on peut organiser une foire internationale en temps de Covid-19, pourquoi pas une Semaine nationale de la culture ? Et quel accompagnement nos nombreux experts et techniciens du développement culturel formés chaque année aux frais du contribuable, offrent-ils aux initiatives locales qui manquent parfois cruellement d’un suivi professionnel ? Le théâtre par exemple, n’est plus que l’ombre de lui-même dans la région en général et dans la ville de Bobo-Dioulasso en particulier.

Nous disent les principaux intéressés qui tentent de se réveiller tant bien que mal avec l’aide du ministère et d’autres structures partenaires comme l’Institut Français. Mais il y a aussi la culture locale. Tous sont témoins chaque année de la ferveur culturelle qui accompagne  les manifestations dans les villages bobos devenus quartiers de Bobo-Dioulasso et dans les villages environnants.

Mais cette ferveur culturelle qui se manifeste de plus en plus comme fête foraine, ne fait objet d’aucune tentative d’accompagnement qui pourrait, en séparant les cérémonies du côté festif, amplifier son importance en tant que manifestation culturelle majeure. C’est une question de démarche. Voir les intéressés et travailler ensemble, jeunes et vieux. Si on peut le faire politiquement en certaines circonstances à Bobo-Dioulasso comme ailleurs,  pourquoi pas professionnellement en tant qu’agents du développement culturel ?

Sibiri SANOU