Korotimi Dao, promotrice de Koro DK Style : “L’image que j’aime donner, c’est la femme qui s’épanouit dans son métier“

La mode et Korortimi Dao connu sous le nom Koro DK Style, est une histoire d’amour qui dure depuis l’adolescence. Originaire du village à Pompoï dans la province des Balé, notre styliste modéliste, comptable de formation, est la promotrice de la marque Koro DK Style implantée à Ouagadougou depuis 1997. Elle emploie plus d’une dizaine de personnes. Dans un entretien accordé à L’Express du Faso, la styliste modéliste  spécialisée dans la haute couture nous donne un aperçu de sa carrière stylistique.

D’où est née votre passion pour la mode?

La passion pour la mode a été très simple, parce que mon papa est tailleur dans mon village Pompoï. Il avait offert une machine à main à ma mère et j’apprenais avec cette machine. Je faisais des caleçons pour les vendre les jours de marché à 25 f pour me faire de l’argent de poche.

Parlez nous de vos débuts dans la mode

Le début dans la mode a été compliqué. Je m’y suis lancée en 1994. J’ai senti cette difficulté quand l’atelier a aménagé à Ouagadougou en 1997. C’est à ce moment que je suis allée me former en France. J’ai laissé l’atelier derrière moi. Comme les tailleurs étaient des Indiens, c’était compliqué pour eux d’être dans un pays africain comme le nôtre. Aussi, les gens n’avaient pas trop confiance et partaient généralement coudre chez les Blancs. Mais aujourd’hui, je m’épanouis dedans car c’est quelque chose que j’aime bien.

Quelles matières utilisez vous le plus et quel style ressortez vous dans vos créations ?

D’abord,  je vais revenir un peu en arrière. J’ai eu la chance de me marier et partir en Arabie Saoudite. C’est de là-bas que le déclic pour la couture est complément venu. Je me suis acheté des machines là-bas et j’ai employé des Indiens. On faisait sur le copier-coller, les clients venaient choisir les modèles dans les catalogues et on les confectionnait pour eux. On utilisait toutes sortes de tissus que ça soit de la guipure, de la cantonade, des tissus super cent. En 1994, mon mari a été muté à Abidjan. Ce n’était pas toujours dans le même tempo parce que la mode, même si elle est dans ton sang, il faut toujours se perfectionner. En 1997, sa mission était finie et il fallait qu’on rentre. Je suis rentrée sur Paris. Comme c’est un homme compréhensif, il m’a inscrite à une école d’apprentissage. De 1998 à 1999, j’ai fait des formations de perfectionnement en coupe, moulage et dessin pour améliorer mon dessin.

Vous faites de la haute couture, est-elle accessible au Burkinabè moyen ?

La mode, c’est accessible à tout le monde, il suffit de venir discuter avec le couturier et lui proposer ton budget. On te confectionne une tenue. Il ne peut pas te mettre à la porte. C’est comme chez les coiffeurs et autres. C’est pareil, dans les autres pays. Tout le monde peut coudre.

Quelle est l’image de la femme burkinabè que vous aimerez mettre en valeur ?

Nous sommes toutes des femmes battantes. Quand une femme arrive à s’épanouir dans un métier, c’est une femme battante. Même nos aïeux l’étaient. L’image que j’aime donner, c’est la femme qui s’épanouit dans son métier et la femme qui aime donner. C’est pourquoi j’ai une association où je donne le sourire aux autres.

Quelle signature imprimez vous à vos créations ?

Dans mes créations, j’ai toujours la touche Koro DK qui est la broderie, qui est connu et unique à moi. Cette broderie peut être une décoration sur le cou pour que le cou soit bien habillé, pour que tu ne sois pas obligé de porter des chaines. Ça peut être aussi une ceinture ou une touche sur quelque chose. J’aime ça parce nous sommes des femmes chics et on doit être chics.

Que vous inspire la mode burkinabè, vue de l’extérieur ?

La mode burkinabè a beaucoup évolué, même vue de l’extérieur parce qu’on a des stylistes, des créateurs qui s’épanouissent dedans. Et qui arrivent à sortir de belles choses qui émerveillent les gens à l’extérieur. On a une belle vision de la mode burkinabè à l’extérieur comparé à 20 ans en arrière. La femme burkinabè, l’homme burkinabè s’habille bien. Donc on est devenu plus chic.

Vous êtes promotrice de Mode Afrique, pouvez-vous nous en dire plus ?

Mode Afrique est un évènement caritatif avant d’être de la mode. L’objectif est de mettre la mode au service de l’humanitaire ; d’où le caractère caritatif. On essaie de rassembler des stylistes connus de l’Afrique pour faire de belles soirées et les fonds recueillis à ces soirées sont remis à des associations. C’est pourquoi, je dis que je donne le sourire. Il faut sourire, il faut le donner. Le thème est toujours sur la femme et l’enfant.

Parlez nous de votre projet de formation des jeunes couturières

Quand tu veux t’installer à ton propre compte, il te faut le minimum de bagage, il faut te former. Si je ne m’étais pas formée, je n’allais pas faire une vingtaine d’années dans ce métier. Se former est une obligation, parce qu’on ne finit jamais d’apprendre. Donc cette formation est de mon initiative et l’appui du ministère de la culture et du Fonds européen de l’Union européenne. Elle vise à former les jeunes qui n’ont pas assez de bagage et qui veulent embrasser ce domaine. Souvent à l’école, ils n’ont pas souvent le temps de maitriser le travail. Nous voulons faire en sorte qu’ils sachent ce qu’ils veulent faire , qu’ils soient bien formés et qu’ils puissent s’installer à leur propre compte.

Et votre association qui donne du sourire aux femmes

Effectivement, je suis la présidente du  Réseau des industries de la mode (RIM) qui existe depuis 2018 et compte une dizaine de membres. Il y a des créateurs de Bobo-Dioulasso, le réseau va s’étendre de Bobo-Dioulasso à Koudougou et Fada, mais le siège social sera à Ouagadougou. Notre but, c’est arriver à ce que la mode soit quelque chose d’industrielle  au Burkina Faso. Cela veut dire que si tu as besoin de 10.000 tenues,  qu’on puisse les produire assez rapidement pour toi. Cette industrialisation sera bientôt une réalité.

 Quels conseils pour les jeunes filles qui veulent suivre vos pas?

En matière de mode, je vois plus d’hommes que de femmes. Cela est dommage, parce qu’une femme doit mieux se connaître qu’un homme. Le message que je leur lance, c’est vraiment le message d’une sœur pour les motiver à faire de la mode, pas pour avoir de l’argent, mais pour l’amour du métier. Le fait d’habiller une personne, tu l’as magnifié. Je conseille aux jeunes filles de se former, c’est important. On a besoin de main d’œuvre.

Quel regard portez vous sur l’entreprenariat féminin burkinabè de nos jours ?

L’entrepreneuriat féminin est une bonne chose parce qu’on a tendance à sous-estimer la femmes, en disant qu’elle ne peuvent pas aller loin; cela pose un blocage. La femme, c’est la mère de l’humanité… Si on lui donne un franc, elle a la capacité de multiplier ce franc en 1000 f. L’on doit avoir confiance en la femme, afin que la femme puisse s’épanouir. L’Etat doit accorder de la valeur aux activités de la femme.

Aïcha TRAORE

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