C’est la saison des pluies, un moment attendu par bon nombre de citoyens mais craint par les habitants des quartiers précaires de la ville de Bobo-Dioulasso. Entre doute et inquiétude, cette partie de la population ne sait plus à quel saint se vouer.
Les années se suivent et se ressemblent pratiquement pour les résidents des quartiers non-lotis. En cette période pluvieuse, le quotidien de ces habitants se résume presqu’à la même chose : la réfection des maisons pour éviter qu’elles ne s’écroulent et pour les moins chanceux, essayer de reconstruire ce que la pluie a détruit sur son passage. Dans la périphérie du secteur 31 de la ville de Sya, Bindougousso communément appelé «Sosoribougou», nombreux sont les riverains dans l’anxiété quand les nuages donnent le ton de la pluie. « Avec la saison pluvieuse, les maisons s’écroulent parce qu’on n’alloue pas assez de moyens pour les constructions du fait de l’incertitude », affirme Lassina Sangaré résident de cette périphérie. Ajoute-t-il, « l’argent ne se gagne pas facilement, s’il faut investir sur un terrain qui te sera enlevé c’est compliqué ».
Une situation qui ne rend pas la vie facile pour ces habitants. Difficile de fermer l’œil la nuit quand on sait que ces pluies accompagnées de tourbillons ou de tornades, occasionnent des dégâts et des inondations, même dans les quartiers lotis et les grandes villes. « J’ai même renforcé ma maison rien qu’avant-hier, dormir tranquillement est un luxe ici en ces périodes car les maisons s’écroulent, avec le vent les tôles s’en vont. Il faut veiller pour ne pas être surpris », confirme Issiaka Zangré, résident dans ce quartier depuis 2005. Le problème qui préoccupe actuellement selon lui, c’est le souci des routes. En effet, les semblants de routes qui organisent cette zone, sont quasi-impraticables après une pluie.
Le manque de moyens d’évacuation des eaux de pluie entraine le stationnement des eaux de ruissellement dans les cours comme sur les routes, occasionnant ainsi des inondations et la dégradation accélérée de ces petites voies. Il faut donc faire un parcours de combattant pour rallier les grandes routes ou préférer rester chez soi. Et pour des besoins nécessaires il faut tenter le diable vraiment. « Déjà hors saison pluvieuse, la tâche n’est pas facile pour nous les femmes, qui nous occupons de la plupart des travaux ménagers. Pendant la saison des pluies, c’est encore pire, nous souffrons vraiment surtout pour aller chercher l’eau qui est aussi loin, ce n’est pas une chose aisée », nous dit Bibata Ky.
En plus de ces difficultés, existe un tas de problèmes sociaux dans ce quartier qui est devenu une zone à risque. Ce moment est aussi un véritable calvaire pour ces Burkinabè qui sont confrontés à de nombreuses maladies liées à l’assainissement de ces quartiers à habitat précaire de Bobo-Dioulasso et du secteur 31 en particulier.
Ces habitants attendent d’être situés sur leur sort après les derniers recensements sans gain de cause. Ils souhaitent que les autorités se penchent sur leur situation, trouvent des solutions aux problèmes fonciers et revoient également la cherté du loyer ainsi que des parcelles pour leur permettre de vivre dignement sur la terre de leurs ancêtres.
Eugène KAM/Stagiaire