La politique est à la fois un art et une science qui demande parfois du temps à ceux qui s’y engagent. Et comme de rares fruits d’un baobab, elle exige une longue période de murissement qui peut être jonchée de passages difficiles avant de donner des résultats satisfaisants. A vouloir sauter des étapes, on peut en être très tôt désillusionné et s’essouffler avant terme. Beaucoup de nos nouveaux futurs candidats aux présidentielles prochaines ne sont-ils pas en train de trop rêver vers un réveil douloureux, même si le miracle est toujours possible même en politique ? Entre vouloir représenter et être vraiment représentatif ou représentant réel, le pas n’est pas toujours simple à franchir. Même la députation n’est pas donnée au premier aventurier venu. Or certains abandonnent bien vite après les premiers coups de désillusion reçus ! Trop pressé et trop mal implanté pour être un jour le représentant idéal de ces populations qu’il faut convaincre dans le temps.
Aussi, s’il faut s’en tenir à la capacité de mobilisation sur le terrain, très peu sont les formations politiques à pouvoir rivaliser avec le parti au pouvoir si fort de ses moyens à la fois humains et matériels aussi bien que financiers. Deux ou trois formations politiques prises individuellement pourraient sérieusement rivaliser avec le Mouvement du peuple pour le progrès (MPP) et ses alliés au pouvoir, les plus connues étant celles du chef de file de l’opposition politique l’Union pour le progrès et le changement (UPC) et le Congrès pour la démocratie et le progrès progrès (CDP) d’un président d’honneur Blaise Compaoré. Outre cet état de fait il y’a l’expérience politique qui fait défaut à la plupart des leaders de nouveaux partillons qui se découvrent presque sur le tard un destin de présidentiables à la faveur d’un contexte politique jugée favorable ou jouable. Ajouté à cela le manque de cohérences dans les propos et propositions, de moyens pour une campagne digne de ce nom ou d’idées jugées réalistes et réalisables, en conformité avec les attentes du moment, on en vient à compter sur les bouts des doigts d’une main les candidatures sérieuses avec lesquelles il faut compter aux prochaines élections couplées de novembre 2020.
La classe politique burkinabè se renouvelle difficilement en termes de propositions de qualité et de hauteur. Il faudra attendre un peu pour que la mayonnaise prenne ! Un des plus gros problèmes étant le manque de réalisme et d’expérience dans la gestion des affaires de l’État qui fut un des atouts majeurs de l’actuel exécutif dont les principaux lieutenants avaient en commun une longue expérience politique aux côtés de l’ancien président Compaoré. Ce n’est pas un hasard non plus si l’actuel chef de file de l’opposition politique est un ancien ministre de Blaise Compaoré qui comptabilise déjà de nombreuses années dans l’opposition politique. L’engagement en politique qui donne de sérieux résultats n’est décidément pas fait pour des débutants pressés. C’est un arbre à fruits tardifs qu’il faut arroser de patience. Sauf miracle à ne pas exclure dans ce jeu du possible.
Sibiri SANOU