Après avoir été contraint sous la pression de la rue de quitter le pouvoir le 31 octobre 2014, Blaise Compaoré dans sa première interview accordée à notre confrère Jeune Afrique prévenait : « L’histoire nous dira si j’ai eu tort ou si j’ai eu raison ». Comme une prémonition !
Blaise Compaoré voulait réviser l’article 37 de la Constitution et se présenter à l’élection présidentielle de 2015. Selon son entourage, ce devait être son dernier mandat puisqu’à l’issue, il devait passer le pouvoir après avoir préparé quelqu’un. Ce que ne voulaient pas entendre certains dont Salifou Diallo, Roch Marc Christian Kaboré et Simon Compaoré notamment qui ont été les principaux lieutenants de son régime. Mais tombés en disgrâce, ils en voulaient à leur mentor ; celui-là même qui avait fait d’eux ce qu’ils étaient. Ils vont rejoindre l’opposition dont les têtes de proue étaient Zéphirin Diabré, Stanislas Sankara, Ablassé Ouédraogo et autres.
Blaise Compaoré est parti. Une transition d’une année a vite été organisée. Le Général Gilbert Diendéré et des éléments du Régiment de sécurité présidentielle (RSP) vont tenter un coup d’Etat pour « rectifier la transition ». Des organisations de la société civile, des partis politiques et les syndicats vont se coaliser pour faire échec au coup d’Etat. Gilbert Diendéré sera arrêté et jugé plus tard par le régime Kaboré. Depuis lors, il est prisonnier à la Maison d’arrêt et de correction des armées (MACA). Des élections présidentielles et législatives cumulées seront organisées en 2015 et Roch Marc Christian et son parti, le Mouvement du peuple pour le progrès (MPP) portés au pouvoir. Se sentant trahi, Zéphirin Diabré va demeurer dans l’opposition. Après la présidentielle de 2020, il intègre le pouvoir de Roch, réélu. Mais, quelques treize mois après, ils seront chassés du pouvoir par un coup d’Etat militaire au motif que le pouvoir est « incapable de faire face à la crise sécuritaire ».
Effectivement, le premier mandat de Roch Marc Christian sera marqué par le début des attaques terroristes. D’abord localisés au Sahel et au Nord, Ouagadougou la capitale sera attaquée plus d’une fois. Ensuite, petit à petit, les attaques terroristes vont s’étendre à l’ensemble du territoire national. Si le coup d’Etat de janvier 2022 était venu pour mettre fin à l’insécurité et aux attaques terroristes, un autre coup d’Etat viendra huit mois après pour mettre fin au pouvoir de Paul-Henri Sandaogo Damiba. Le Capitaine Ibrahim Traoré, qui était jusque-là commandant d’artillerie à Kaya prend le pouvoir.
Les premières victimes du pouvoir de la transition ont été les partis politiques et les organisations de la société civile, en majorité ceux-là qui ont chassé Blaise Compaoré du pouvoir. Maitre Guy Hervé Kam était le porte-parole du Balai citoyen. Ablassé Ouédraogo fait partie de ceux qui étaient dans les rues les 30 et 31 octobre. Les leaders de la CGTB étaient en première ligne du combat. La justice qui n’avait pas reconnu la dévolution du pouvoir au président de l’Assemblée nationale comme le prévoyait la Constitution en son article 30, ne reconnait plus son indépendance. Blaise nous avons prévenus.
Dabaoué Audrianne KANI