Le président désigné de la transition au Mali prêtera serment ce jour. Devant le représentant de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO). Immédiatement après, la Communauté devrait lever toutes les sanctions prises depuis le 18 août contre le Mali suite au coup de force perpétré contre le régime d’Ibrahim Boubacar Keita. Le moins que l’on puisse dire, c’est que malgré elle, l’organisation ouest-africaine a été contrainte d’accepter la situation telle que les Maliens ont voulu qu’elle soit. A la place d’un président civil, la junte militaire a fait désigner un militaire à la retraite. Ce qui ne correspond pas exactement à la volonté de la CEDEAO qui exigeait un président civil. Mise devant le fait accompli, elle a été obligée d’accepter, de se soumettre et de faire avec. Quant au poste de vice-président, la CEDEAO ne l’avait pas prévu. La junte l’a institué et taillé sur mesure pour son chef, Assimi Goïta. Avec beaucoup plus de prérogatives que le président. Là aussi, la CEDEAO n’a pas eu le choix. Mise dos au mur, elle a avalé la couleuvre. Certainement, après l’installation du président, le poste de Premier ministre va revenir à un civil. Pour ce qui est de la durée de la transition, la CEDEAO ne voulait pas qu’elle excède douze mois. Les Maliens en ont décidé dix-huit. La seule exigence qui a été respectée à la lettre comme prévu, c’est le délai de mise en place de la transition. Après la prestation de serment de ce jour, l’autre étape importante est la composition du gouvernement. Dans lequel, la junte voudrait des postes de souveraineté comme l’administration du territoire, la défense, la sécurité entre autres. Comme quoi, avec la détermination de la majorité des Maliens, elle pourra atteindre l’objectif principal qui est de refaire le Mali.
On peut bien accuser la junte de confiscation du pouvoir. Cependant, pour une véritable refondation de la gouvernance au Mali, il faut des hommes neufs. Pour l’heure seule l’armée et quelques civils triés sur le volet sont en mesure de redresser véritablement le pays. Tous les autres, anciens hommes politiques ou fonctionnaires de l’administration sont responsables pour ne pas dire coupables de la mauvaise gouvernance et du délitement au Mali. Ramener des hommes de cet acabit dans une transition, c’est reconstituer tous les tares qui ont été dénoncées et qui aujourd’hui sont la cause des problèmes du Mali.
Aux hommes politiques qui pensent que le moment est venu pour eux d’aller à la soupe, qu’ils se préparent dans dix-huit mois pour les élections générales. Ils ne sont pas du tout, et là il faut le dire, les mieux indiqués pour conduire la transition. Le M5-Rassemblement des forces patriotes a certes joué un rôle dans ce qui se passe actuellement. Ce mouvement hétéroclite a voulu la refondation. Qu’il s’inscrive dans cette dynamique et que ces membres politiciens s’organisent pour affronter les élections. Tout comme les autres hommes politiques.
Dabaoué Audrianne KANI