Côte d’Ivoire, il faut dire la vérité à Alassane

En septembre 2002, il y a dix-huit ans se produisait en Côte d’Ivoire un coup d’Etat (heureusement ou malheureusement non abouti) suivi d’une rébellion. L’objectif était de combattre l’exclusion de candidats à la présidentielle dont le principal était Alassane Ouattara. Des « Et » et « Ou » devaient servir pour invalider sa candidature. A la tête de cette rébellion conduite par des Forces nouvelles, un certain Guillaume Soro, secrétaire général et porte-parole. La crise a duré une dizaine d’années. Pour la première fois, la Côte d’Ivoire a connu une partition de son territoire. Contraint, Laurent Gbagbo (quoi qu’on dise de lui) a fait réviser la Constitution et a permis à tous les candidats qui le voulaient de se présenter. Notamment Alassane Ouattara. Les résultats de l’élection organisée en 2010 seront contestés. Et va naitre une autre crise post-électorale et Laurent Gbagbo sera chassé du pouvoir. Pire, il sera traduit devant le tribunal pénal international pour génocide. Depuis, il est en exil. Dans son propre pays, il sera condamné par contumace à 20 ans de prison ferme. En partie blanchi par la Cour pénale internationale (CPI), il ne peut rentrer dans son pays et être libre de ses mouvements.

Quant à Guillaume Soro, celui-là même qui s’est battu pour qu’Alassane puisse être candidat, il est lui aussi en exil. Tout simplement parce que, n’ayant pas accepté de rentrer dans les rangs d’Alassane Ouattara alors qu’il lui demandait de respecter ses engagements, il sera accusé d’atteinte à la sûreté de l’Etat et de détournement de biens publics. Contraint lui aussi à l’exil,  son nom est rayé de la liste électorale ; il ne sera ni électeur ni candidat à la présidentielle du 31 octobre prochain. Quant à Alassane Ouattara, le même, il va se présenter devant ses électeurs, à lui, et briguer un troisième mandat. Nul doute qu’il remportera les élections. A son profit et au profit de son clan politique.

Guillaume Soro qui a lutté contre l’exclusion en 2002, lutte encore et toujours contre la même exclusion dont il est désormais lui-même victime. Même si on ne veut pas le reconnaitre, il faut accepter qu’il y a tout de même une constance. Certainement pas de son gré, mais toujours à cause du même Alassane Ouattara. Malheureusement, au sein des chefs d’Etat de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) on fait semblant de lui rappeler tout cela et le ramener à la raison.  Alassane Ouattara est en train de réunir tous les éléments (comme en 2001) pour créer une crise en Côte d’Ivoire, dans la sous-région. Ce n’est pas un crime de le lui dire.

Tous ceux qui refusent aujourd’hui de venir au secours de la Côte d’Ivoire devront assumer toutes leurs responsabilités. Comme on le dit là-bas chez eux, « tout près n’est pas loin ». Les présidents nigérian et Bissau-guinéen, Mahamudu Buhari et Embalo auront au moins la conscience tranquille pour avoir dénoncé les candidatures de trop.

Dabaoué Audrianne KANI

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