Mariam Maïga, présidente de l’Association zoodo : « J’ai à cœur de contribuer à l’épanouissement de la femme rurale»

Mariam Maïga est une entrepreneure astucieuse et accomplie. Elle est la présidente-fondatrice de l’Association zoodo pour la promotion des femmes. Elle est également présidente du Groupement d’intérêt économique, Commerce et artisanat pour le bien-être social (GIE/CABES), un regroupement de plusieurs coopératives de tisserands. À l’honneur dans notre tribune de la semaine, elle nous raconte son parcours.

Mariam Maïga, présidente de l’association zoodo

Mariam Maïga, 64 ans et mère de 5 enfants, est infirmière de formation. Un boulot qui lui a permis de rester en contact avec des groupements féminins villageois, en vue de leur apporter des connaissances élémentaires pour améliorer leur santé et celle de leurs enfants. C’est d’ailleurs de ce contact avec les femmes, qu’est né son amour de créer une association. En 1996, elle met en place l’Association zoodo pour la promotion des femmes (AZPF) sous la volonté d’un groupe de femmes, suite au constat des conditions de vie précaire en milieu rural. Ce regroupement est reconnu officiellement depuis le 17 mars 1997 et œuvre pour le développement et l’épanouissement de la femme. Cette association non gouvernementale, non confessionnelle, à but non lucratif est basée à Ouahigouya avec une antenne à Ouagadougou. Pour Mariam Maïga, à travers ses actions l’association entend contribuer efficacement à la promotion des communautés féminines rurales et au développement du Burkina Faso.

« Le marché national se fait dans les villages »

Tissage, telle est l’activité principale de l’association. Selon sa présidente-fondatrice, « Nous avons commencé le tissage en 1995 avec 4 petits métiers au Nord avec nos propres moyens dans le but d’apporter d’autres connaissances aux femmes dans la force de l’âge. Et aussi leur permettre d’être autonomes financièrement d’une part. D’autre part, rendre plus solide l’Association car une association qui n’a pas d’activités génératrices de revenus ne pourra pas assumer ses charges». Selon elle, plusieurs structures ont permis de consolider les actions de ce regroupement. « Au fur et à mesure, nous avons reçu le soutien financier d’autres partenaires de Suisse. En 2013 cette activité a pris de l’importance avec l’appui financier du projet Ethique à travers l’Union Européenne et le Centre de Commerce International de Genève (ITC) qui nous ont apporté un appui technique, matériel et commercial, la dotation en matières premières (fil et teinture)». Pour ce qui est de la commercialisation, elle a laissé entendre que : «Nous vendons nos produits tissés sur le marché international à travers CABES/GIE. Le marché national se fait dans les villages, lors des expositions et des foires et dans les vitrines à Ouahigouya et à Ouagadougou ».

« J’ambitionne créer de nouveaux réseaux de commercialisation, par exemple, cette année notre association a tissé des uniformes pour des écoles »

« Son combat pour l’autonomisation des femmes »

L’AZPF qui compte 2500 membres dont 100 tisseuses et 200 fileuses manuelles intervient également dans d’autres domaines notamment l’éducation, la santé, la prévention de l’environnement, les activités économiques et la promotion du genre. Des activités spécifiques sont réalisées dans chaque domaine. Selon la présidente-fondatrice, on remarque de nos jours que les femmes sont motivées et font preuve de dynamisme au Burkina, malgré le manque des moyens financiers et les méconnaissances organisationnelles pour entreprendre. En vu de les aider, Mariam Maïga ambitionne entre autres, créer des activités économiques, former plus de femmes et créer beaucoup d’emplois par le tissage et la filature manuelle. Cela, afin de dégager des revenus substantiels pour financer les activités sociales comme l’éducation des enfants, les soins préventifs des femmes et des enfants. Malheureusement, les activités de l’AZPF ne se font pas sans difficultés parmi lesquelles, sa présidente évoque l’insécurité dans leurs zones d’intervention au Nord depuis 2017 qui a réduit considérablement leur champ d’action. Il est donc difficile de toucher toutes les 200 femmes fileuses et de faire les sensibilisations et le suivi par peur. « Seuls 4 villages sont accessibles sur 17 », a-t-elle signifié. Toutefois, ces difficultés n’empêchent pas Mariam Maïga dans son combat pour l’autonomisation des femmes. Ainsi, elle prévoit en 2021 former plusieurs femmes, créer des emplois pour les femmes à travers le tissage, et développer plus les canaux de commercialisation.

Aïcha TRAORE