« Chaleureuses félicitations », ce sont des termes du communiqué de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) à l’endroit d’Alpha Condé pour sa réélection à un troisième mandat à la tête de la Guinée. Puis la CEDEAO d’appeler les Guinéens (opposition et pouvoir) à privilégier le dialogue et à résoudre tout différend lié aux élections à travers les institutions habilitées à cet effet. Pendant qu’en même Guinée, les opposants crient à la chasse à l’homme, car nombre d’entre eux sont recherchés par la justice. Curieusement sur ce sujet, la CEDEAO est muette. Qu’elle est drôle cette Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest ! Qui apparemment a fait peu de choses pour que ce qui se passe en Guinée ne le soit pas. C’est certainement à juste titre que certains n’hésitent pas à la qualifier de syndicat des chefs d’Etat. En tout cas, par ces « chaleureuses félicitations), elle vient de valider le troisième mandat d’Alpha Condé. Evidemment, qu’on n’est pas surpris qu’elle en ait fait de même en Côte d’Ivoire où on enregistre des morts après la validation de l’élection d’Alassane Ouattara par la Cour constitutionnelle. Il ne faut non plus être surpris que malgré ces morts, malgré le fait qu’il retarde son investiture et souhaite un dialogue avec Henri Konan Bédié et l’opposition, la CEDEAO se précipite pour féliciter « chaleureusement », Alassane Ouattara. Comme si elle ramait à contre-courant des réalités sur le terrain. A travers de tels comportements, la CEDEAO contribue malheureusement à mettre l’huile sur le feu. C’est à se demander si son mécanisme de prévention des conflits électoraux fonctionne effectivement. La question reste posée.
En France, la situation sociopolitique en Côte d’Ivoire après les élections a fait l’objet d’interpellation du gouvernement français à travers le ministre des Affaires étrangères devant l’Assemblée nationale. C’est dire à quel point la France se préoccupe de la situation en Côte d’Ivoire. Où il y a déjà de nombreux réfugiés dans des pays voisins. Même si la CEDEAO ne peut pas réunir son parlement pour en parler, qu’elle pose au moins des actes forts ne serait-ce que pour montrer qu’elle se préoccupe du climat sociopolitique post-électoral en Côte d’Ivoire.
Si la CEDEAO veut être réellement en phase avec les populations ouest-africaines dont elle doit d’abord défendre les intérêts, qu’elle montre un autre visage, celui d’une communauté effectivement au service des peuples. Elle ne peut indéfiniment, comme si elle s’en moquait, défendre des individus, soient-ils des chefs d’Etats. Le problème en Côte d’Ivoire et en Guinée n’est pas la légalité des troisièmes mandats, mais leur légitimité. Les peuples africains sont d’autant plus choqués qu’Alassane et Condé se sont battus pour des valeurs démocratiques de légalité mais également de légitimité. C’est donc difficilement acceptable que ce soit les mêmes qui, aujourd’hui au pouvoir, foulent aux pieds les mêmes principes. Dans tous les cas, en cas de conflits post-électoraux dans les deux pays (ce que personne ne souhaite) la CEDEAO sera au cœur de leur règlement.
Dabaoué Audrianne KANI